Pendant trois jours, des discussions qualifiées de « constructives » ont réuni les délégations des deux pays autour d’intérêts politiques, sécuritaires et économiques. Le texte paraphé n’est pas encore un accord de paix définitif, mais il en jette les bases. Sa signature formelle est attendue pour le 27 juin prochain, en présence de hauts responsables américains.

Le contexte reste tendu. En janvier 2025, le groupe rebelle M23, accusé d’être soutenu par Kigali ce que le Rwanda dément avec fermeté a pris le contrôle de Goma, principale ville de la province du Nord-Kivu, avant de s’emparer de Bukavu, dans le Sud-Kivu. Deux villes clés, riches en minerais, stratégiques à la fois sur le plan économique et militaire. Les affrontements ont causé la mort de milliers de civils, déplacé plus de 600 000 personnes selon l’ONU, et accentué une crise humanitaire déjà critique.
L’accord préliminaire comprend plusieurs engagements clés : respect de l’intégrité territoriale, cessation des hostilités, désarmement progressif des groupes armés et intégration sous conditions de certains combattants dans les forces nationales. Un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire est prévu, tout comme des mesures pour faciliter le retour des réfugiés, la réouverture des couloirs humanitaires, et une coopération économique renforcée dans la région. L’objectif est aussi de créer les conditions d’une paix inclusive, impliquant les communautés locales dans le processus.
Mais au-delà des annonces, les violations des droits humains continuent de hanter les mémoires. Des ONG comme Amnesty International ou Human Rights Watch ont documenté des exactions graves attribuées au M23, à l’armée congolaise et à d’autres milices : assassinats de civils, violences sexuelles, enrôlements forcés. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Turk, a appelé à une enquête internationale et à la mise en œuvre d’un véritable cessez-le-feu humanitaire. Pour les populations, la paix ne pourra être réelle que si la justice et la sécurité suivent.

Sur le plan diplomatique, les États-Unis et le Qatar ont intensifié leur engagement après le retrait de l’Angola en mars dernier. Washington voit dans cette paix une opportunité stratégique : stabiliser la région, sécuriser l’accès aux minerais critiques et encourager les investissements. Le sous-secrétaire d’État Marco Rubio a souligné l’importance d’une solution « gagnant-gagnant » pour les acteurs régionaux et les partenaires économiques. L’envoyé américain en Afrique, Massad Boulos, s’était déplacé dans la région en avril pour tenter de désamorcer les tensions.
Ce paraphe suscite de l’espoir, mais la prudence reste de mise. Depuis 2021, six tentatives de trêve ont échoué. La réussite de cette initiative dépendra de la volonté réelle des parties de respecter leurs engagements, de la pression de la communauté internationale, mais aussi de la capacité à inclure les voix locales dans les décisions. Pour les millions de Congolais vivant dans l’est du pays, l’heure est à l’attente. Une attente mêlée d’espoir, de fatigue et de scepticisme. La paix ne se décrète pas, elle se construit jour après jour, geste après geste. Et tout commence par le respect de la parole donnée.
Sources : https://www.aljazeera.com/news/2025/6/19/dr-congo-and-rwanda-sign-draft-peace-agreement https://www.radiookapi.net/2025/06/19/actualite/politique/washington-les-experts-congolais-et-rwandais-paraphent-le-document