Le Kenya vient d’inscrire son nom dans l’histoire sanitaire africaine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé l’élimination de la trypanosomiase humaine africaine, plus connue sous le nom de maladie du sommeil, en tant que problème de santé publique. Le pays devient ainsi le dixième en Afrique à atteindre cet objectif, après plus d’un siècle de lutte contre ce fléau transmis par la mouche tsé-tsé. Au Kenya, seule la forme rhodesiense, particulièrement agressive, était présente. Sans traitement, elle peut entraîner la mort en quelques semaines. Le dernier cas autochtone remonte à 2009, et les deux derniers cas importés ont été enregistrés en 2012 dans la réserve nationale du Masai Mara.
Ce succès repose sur une stratégie de surveillance renforcée dans 12 centres de santé répartis dans six comtés historiquement touchés, équipés en outils de diagnostic et dotés de personnels formés. Le contrôle de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomiase animale a été assuré par le Kenya Tsetse and Trypanosomiasis Eradication Council (KENTTEC), en partenariat avec les autorités sanitaires et vétérinaires, les institutions de recherche, les partenaires internationaux et les communautés locales. Au-delà de l’exploit médical, cette avancée ouvre la voie à des bénéfices économiques et sociaux, en libérant les zones rurales d’un lourd fardeau sanitaire. Le Kenya avait déjà été certifié exempt de dracunculose en 2018, confirmant sa capacité à vaincre les maladies tropicales négligées.
Le pays rejoint ainsi le Bénin, le Tchad, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, le Ghana, la Guinée, le Rwanda, le Togo et l’Ouganda dans ce combat. Toutefois, la vigilance reste de mise. Avec l’appui de l’OMS et d’organisations comme FIND, un plan de surveillance post-validation est déjà en place, soutenu par un stock stratégique de médicaments fourni par Bayer AG et Sanofi. Cette victoire est un message d’espoir pour tout le continent : l’éradication de maladies tropicales est possible lorsque la détermination, la science et la solidarité se conjuguent.