À San Pedro, une affaire de vol interne secoue l’un des fleurons de l’industrie cacaoyère ivoirienne. Sept employés d’une usine de transformation de cacao ont été récemment interpellés pour leur implication présumée dans la disparition de cartons de beurre de cacao, d’une valeur estimée à plus d’un milliard de francs CFA. Ce produit dérivé, très prisé sur le marché international, représente un maillon essentiel de la chaîne de transformation locale.
L’alerte a été donnée par la direction de l’usine après des pertes répétées et inexpliquées. Une enquête interne, appuyée par la gendarmerie portuaire, a permis de découvrir que les caméras de surveillance, que l’on croyait hors service, étaient en réalité fonctionnelles. Les images ont révélé des mouvements suspects répétés en zone de stockage. Après visionnage et recoupement des éléments, plusieurs employés ont été identifiés et interpellés. Ils ont reconnu leur participation aux faits lors de leur audition.
Ce cas, bien qu’isolé, met en lumière un phénomène plus large : la fragilité des systèmes de sécurité interne dans les entreprises industrielles, en particulier dans les zones portuaires à forte activité comme San Pedro. Selon plusieurs experts, ces vols internes ne sont pas nouveaux, mais restent souvent sous-déclarés pour préserver l’image des entreprises.

Pour OLAM, l’un des principaux acteurs du secteur, cette affaire est un coup dur, tant sur le plan économique que sur celui de la réputation. Présente depuis plusieurs années en Côte d’Ivoire, l’entreprise s’est positionnée comme un acteur clé de la transformation locale, dans une logique de création de valeur ajoutée sur le territoire. Mais ces incidents rappellent que la modernisation des infrastructures doit aller de pair avec un renforcement de la sécurité humaine et technologique.
Plus globalement, la situation pose la question de la confiance au sein des équipes. Dans un environnement où les ressources humaines sont majoritairement locales, la trahison interne peut avoir des répercussions sociales et économiques durables. La prévention, la transparence et la rotation des postes sensibles sont autant de leviers à activer pour limiter ces risques.
Dans un pays qui assure près de 40 % de la production mondiale de cacao, chaque maillon de la chaîne, de la récolte à la transformation, doit être sécurisé. La Côte d’Ivoire, soucieuse de monter en gamme dans la filière, ne peut se permettre que ces failles viennent ternir ses efforts de valorisation locale. Au-delà du simple fait divers, cette affaire est un signal d’alerte : protéger le cacao, c’est aussi protéger ceux qui le transforment avec rigueur, intégrité et anticipation.