Dans un geste sans précédent depuis la fin de la Guerre froide, la Russie et plusieurs pays occidentaux ont procédé à un vaste échange de prisonniers, libérant au total 26 personnes détenues de part et d’autre. Cet accord, qualifié d’historique par les observateurs, a permis la libération de 16 personnes incarcérées en Russie et en Biélorussie, en échange de 10 Russes emprisonnés aux États-Unis, en Allemagne, en Pologne, en Slovénie et en Norvège. Parmi les détenus libérés par la Russie figurent notamment le journaliste américain Evan Gershkovich du Wall Street Journal, condamné le 19 juillet à 16 ans de prison pour espionnage, ainsi que l’ancien Marine américain Paul Whelan, emprisonné depuis 2018 pour la même raison. La journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, détenue en Russie, a également été libérée dans le cadre de cet échange.
Accueil triomphal sur le sol américain
Le président américain Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris ont chaleureusement accueilli jeudi soir les prisonniers libérés par Moscou sur la base militaire d’Andrews, près de Washington. Dans une déclaration, le président a qualifié cet échange de « succès diplomatique » et s’est dit « merveilleux » de revoir les Américains sur le sol national. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a personnellement accueilli à Moscou les 8 ressortissants russes libérés, parmi lesquels figurent un ancien colonel du FSB, un pirate informatique et un couple d’espions. Cependant, cet échange semble avoir un goût amer pour la Russie, qui a dû céder des prisonniers de haut rang en échange de détenus de moindre importance. Selon l’analyste politique indépendant Dmitri Orechkine, « aucun des deux camps n’a gagné » dans cet échange, qualifiant plutôt la situation de « match nul« . Il estime que « Poutine n’aurait jamais autorisé un accord pouvant être interprété comme un succès pour l’Amérique, l’Allemagne ou l’Occident en général« .
Le rôle clé de la Turquie dans les négociations
Les services de renseignement turcs ont joué un rôle crucial dans la médiation de cet échange de prisonniers, menant l’opération à l’aéroport d’Ankara. Selon les autorités turques, « dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, 13 en Allemagne et trois aux États-Unis« . Les deux mineurs seraient les enfants du couple d’espions russes arrêtés en Slovénie. Cet échange historique de prisonniers entre la Russie et l’Occident, bien que qualifié de succès diplomatique par les États-Unis, semble avoir des répercussions mitigées pour les deux parties. Si les détenus ont retrouvé la liberté, les tensions géopolitiques restent palpables, témoignant de la complexité des relations entre Moscou et les capitales occidentales.
Sources : https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/02/l-echange-de-prisonniers-entre-l-occident-et-la-russie-un-succes-diplomatique-au-gout-amer_6264733_3210.html https://information.tv5monde.com/international/video/diplomatie-echange-de-26-prisonniers-entre-la-russie-et-les-occidentaux-2734739 https://information.tv5monde.com/international/video/diplomatie-echange-de-26-prisonniers-entre-la-russie-et-les-occidentaux-2734739 https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20240802-les-prisonniers-lib%C3%A9r%C3%A9s-lors-de-l-%C3%A9change-avec-la-russie-de-retour-sur-le-sol-am%C3%A9ricain https://www.ledevoir.com/monde/817442/moscou-va-liberer-journaliste-evan-gershkovich-cadre-echange-prisonniers