Le 11 décembre 2023 marque une nouvelle étape dans la régulation des médicaments en France, avec l’entrée en vigueur d’une interdiction de la vente libre de huit médicaments contre le rhume. Ces médicaments, jusqu’alors disponibles sans ordonnance, ne pourront désormais être délivrés qu’après consultation d’un médecin. Cette décision vise à protéger les consommateurs des risques d’effets secondaires liés à l’utilisation de certains ingrédients actifs, tout en interrogeant sur l’impact de cette mesure dans d’autres parties du monde, notamment en Afrique.
Des médicaments courants concernés
Les médicaments visés par cette interdiction incluent des produits largement utilisés pour soulager les symptômes du rhume, tels que les décongestionnants et les antihistaminiques. Parmi les médicaments concernés, on retrouve des produits comme l’Actifed Rhume, le Mucodyne, ou encore le Fervex. Ces médicaments contiennent des principes actifs comme la pseudoéphédrine, qui peut avoir des effets indésirables si utilisée de manière excessive, notamment des troubles cardiovasculaires ou nerveux. La France a donc pris la décision de restreindre leur accès, afin de mieux encadrer leur usage et de limiter les risques associés à leur consommation non contrôlée.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) justifie cette mesure par l’augmentation des abus observés, notamment chez les personnes cherchant à acheter ces médicaments pour des raisons autres que le traitement du rhume, notamment pour leurs effets stimulants. L’interdiction s’inscrit également dans un cadre de réduction des prescriptions médicamenteuses inutiles, un objectif de santé publique majeur en France.
Une mesure aux répercussions mondiales
Bien que cette interdiction concerne principalement la France, elle soulève une question plus large : celle de l’accessibilité aux médicaments dans les pays en développement, et particulièrement en Afrique. En effet, dans de nombreux pays africains, l’accès aux soins de santé reste limité et les médicaments en vente libre sont une alternative accessible pour de nombreuses personnes. Les populations utilisent couramment des médicaments comme ceux désormais interdits en France pour traiter des symptômes bénins du rhume, dans l’absence de médecins ou de structures de santé facilement accessibles.
Les conséquences d’une telle mesure en Afrique seraient multiples. D’un côté, un encadrement strict des médicaments contre le rhume pourrait limiter les risques d’abus et de mauvaise utilisation, comme c’est le cas pour certains médicaments contenant de la pseudoéphédrine. D’un autre côté, cela pourrait également aggraver la situation pour des millions d’Africains qui dépendent de ces médicaments pour soulager leurs symptômes sans avoir à consulter un professionnel de santé. Par exemple, des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun voient souvent des médicaments tels que le Fervex ou le Humex en vente libre dans les pharmacies ou les marchés.
Un accès aux soins limité
Le problème majeur auquel l’Afrique est confrontée reste l’accès aux soins. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte que près de 50 % de la population africaine n’a pas accès à des services de santé essentiels. Dans ce contexte, les médicaments en vente libre sont un recours courant. L’initiative française de limiter l’accès à certains médicaments soulève donc la question de la disponibilité de traitements alternatifs ou de l’adaptation des politiques de santé dans des pays où l’accès aux prescriptions médicales est difficile.
Certaines initiatives, telles que la vente de médicaments génériques, ont permis d’augmenter l’accessibilité aux soins dans certaines régions, mais des obstacles subsistent. Par exemple, dans des pays comme le Nigeria ou l’Éthiopie, la vente libre de médicaments reste une norme, notamment pour les pathologies bénignes telles que le rhume.
Un équilibre à trouver
L’interdiction de la vente libre de certains médicaments contre le rhume en France est une mesure logique du point de vue de la santé publique, visant à réduire les risques d’abus et d’effets indésirables. Cependant, cette mesure souligne les défis rencontrés à l’échelle mondiale, notamment en Afrique, où l’accès à des soins de qualité et à des médicaments régulés demeure limité. Un compromis devra être trouvé entre régulation stricte et accès aux médicaments dans des régions où la disponibilité de soins médicaux est encore insuffisante. En attendant, il est crucial de renforcer l’éducation sanitaire, d’encourager des pratiques d’automédication responsables et d’améliorer l’accès aux soins primaires pour garantir une gestion optimale des maladies bénignes, comme le rhume, dans le monde entier.