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07/09/2025   

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L’Afrique s’apprête à combler un fossé numérique majeur grâce à l’intelligence artificielle (IA), désormais capable de s’exprimer dans les langues locales. Du Sénégal au Nigeria, des initiatives pionnières ouvrent la voie à une technologie inclusive, transformant l’accès à l’information et aux services pour des millions de personnes.
L’Afrique s’apprête à combler un fossé numérique majeur grâce à l’intelligence artificielle (IA), désormais capable de s’exprimer dans les langues locales. Du Sénégal au Nigeria, des initiatives pionnières ouvrent la voie à une technologie inclusive, transformant l’accès à l’information et aux services pour des millions de personnes.

Dans un monde où l’IA redéfinit les usages, la barrière linguistique a longtemps exclu une partie des Africains. Les systèmes dominants, entraînés sur l’anglais et d’autres langues internationales, restent inadaptés aux plus de 2 000 langues du continent. Faute de données suffisantes, ces langues dites « à faibles ressources » peinent à trouver leur place dans le numérique. Mais chercheurs et entrepreneurs africains travaillent à inverser la tendance, avec l’ambition de valoriser un patrimoine linguistique unique et de renforcer la souveraineté numérique.

Au Sénégal, la startup Andakia a développé AWA, une interface vocale intelligente capable de comprendre et de répondre en wolof. Conçu par Alioune Badara Mbengue, ce projet a nécessité la collecte de centaines d’heures de données et la collaboration de linguistes. AWA se veut un pont entre populations non lettrées et technologie : demander la météo, obtenir des conseils de santé ou accéder à des services administratifs devient possible dans sa langue maternelle. Face à l’engouement suscité, Andakia étend désormais le système au pulaar et au haoussa, deux langues parlées par des dizaines de millions de locuteurs.

Au Nigeria, le gouvernement mise sur un grand modèle linguistique multilingue (LLM) pour ses langues nationales yoruba, igbo, haoussa aux côtés de l’anglais localisé. Annoncé par le ministre des Communications, Bosun Tijani, le projet est porté par la NITDA en partenariat avec Awarri et Data.Org. Financé à hauteur de 3,5 millions de dollars (environ 2,1 milliards FCFA), il vise à renforcer l’éducation, les services financiers numériques et même le tourisme grâce à des chatbots en langues locales.

Au-delà de ces pays, une dynamique panafricaine émerge. En Afrique du Sud, des startups comme Lapa AI ou des initiatives comme Masakhane construisent des bases de données linguistiques inédites. Des chercheurs développent des dictionnaires multimédias et des outils vocaux pour le yoruba, le kinyarwanda ou encore le sesotho. Leur conviction : l’IA doit être co-construite à partir des réalités africaines. L’essor de l’IA en langues africaines marque une étape décisive. En brisant la barrière linguistique, ces innovations ouvrent la voie à une inclusion numérique de masse et à une meilleure valorisation culturelle. L’Afrique ne se contente plus d’adopter l’IA : elle la façonne à son image, dans toutes ses langues.