Face à une indignation croissante sur les réseaux sociaux, le ministre de la Justice gabonais, Paul-Marie Gondjout, a ordonné la réincarcération de deux adolescents, Siadous Rapono Erwan Bradyn et Nounamo Christ Anderson, soupçonnés du viol et du meurtre de Michelle Dorothée Ngoua, une jeune femme de 18 ans, en août 2023. Cette décision fait suite à la révélation de leur remise en liberté provisoire, qui a provoqué un tollé au sein de l’opinion publique.
Contexte de l’affaire
Les deux jeunes hommes, âgés de 16 et 17 ans au moment des faits, avaient été initialement placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville après avoir avoué leur implication dans le crime survenu dans la nuit du 8 au 9 août 2023. Malgré leurs aveux, ils ont été libérés provisoirement le 22 décembre 2023 par un juge d’instruction, une décision qui a été confirmée par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel judiciaire de Libreville le 25 avril 2024. Cette libération a été perçue comme une injustice flagrante, d’autant plus que les deux adolescents ont continué à faire parler d’eux sur les réseaux sociaux, suscitant la colère des proches de la victime et du public. Dans un communiqué publié le 27 août 2024, Paul-Marie Gondjout a qualifié cette situation d’« intolérable et inacceptable ». Il a exigé un rapport détaillé sur les circonstances entourant la libération des deux inculpés, en ordonnant au procureur général de prendre toutes les dispositions légales nécessaires pour leur réincarcération immédiate. En outre, il a instruit l’Inspection générale des Services judiciaires d’ouvrir une enquête pour déterminer les responsabilités individuelles dans cette affaire, visant à appliquer des mesures disciplinaires appropriées.
Implications judiciaires
Cette affaire met en lumière des dysfonctionnements dans le système judiciaire gabonais, où des décisions controversées continuent de susciter des interrogations sur l’impartialité et l’efficacité des juges. Le ministre a reconnu que des « bras longs » semblent influencer des décisions judiciaires, compromettant ainsi la confiance du public dans la justice. Le fait que l’un des suspects ait été aperçu en France après sa libération soulève des questions supplémentaires sur la capacité des autorités à gérer ce type de situation.
L’affaire des meurtriers présumés de Michelle Dorothée Ngoua est révélatrice des défis auxquels est confrontée la justice au Gabon. Les réactions du ministre de la Justice témoignent d’une volonté de restaurer la confiance dans le système judiciaire, mais la mise en œuvre de ces décisions sera cruciale pour apaiser les tensions et répondre aux attentes de la société. La réincarcération des deux jeunes hommes pourrait être un premier pas vers une justice plus équitable, mais elle soulève également des interrogations sur les mécanismes de contrôle et de responsabilité au sein du système judiciaire gabonais.
Sources : https://www.gabonreview.com/meurtre-de-michaela-paul-marie-gondjout-ordonne-la-reincarceration-des-deux-ados/ http://info241.com/meurtre-de-dorothee-le-ministere-de-la-justice-reconnait-des,9356 https://www.jeuneafrique.com/pays/gabon/ https://www.jeuneafrique.com/1603132/politique/au-gabon-le-ministre-de-la-justice-ordonne-la-reincarceration-de-deux-meurtriers-presumes-en-liberte-provisoire/