En juillet 2025, une directive présidentielle sans appel est venue encadrer les déplacements des membres du gouvernement congolais. Désormais, aucun ministre ni haut fonctionnaire ne peut quitter le territoire sans l’aval du président Denis Sassou-Nguesso, et ce jusqu’à l’élection présidentielle prévue en mars 2026. Officiellement, cette mesure vise à rationaliser les dépenses publiques dans un contexte budgétaire contraint. Mais elle traduit aussi une volonté de recentrer l’action gouvernementale sur des priorités fixées au sommet de l’État.
La circulaire, émise par le Premier ministre Anatole Collinet Makosso, ne souffre aucune exception, y compris pour lui-même. Il a ainsi dû annuler un déplacement en France et en Italie en juillet, privilégiant sa présence à Brazzaville pour le lancement du Festival panafricain de musique (Fespam). Ce choix illustre le recentrage de la gouvernance sur le territoire national, en cohérence avec l’agenda présidentiel.
Au-delà de l’objectif de maîtrise des dépenses liées aux missions internationales, la décision s’inscrit dans une stratégie diplomatique ciblée. Le Congo a présenté la candidature de Firmin Édouard Matoko à la direction générale de l’UNESCO, un poste stratégique pour accroître son influence sur la scène internationale. Cette initiative vise notamment à contrer le candidat égyptien Khaled El-Enany, soutenu par le président Abdel Fattah al-Sissi, avec qui Denis Sassou-Nguesso entretient une rivalité diplomatique sur le dossier libyen.
Dans ce contexte, le Premier ministre Makosso a été redéployé sur le continent africain et au Moyen-Orient, où il mène une campagne active pour rallier des soutiens à la candidature congolaise. Il doit également porter un message officiel au président turc Recep Tayyip Erdogan et tenter de résoudre des tensions économiques avec des entreprises turques, partenaires du Congo.
Cette politique de rigueur budgétaire combinée à une diplomatie resserrée autour d’objectifs précis révèle une gouvernance plus centralisée, où chaque déplacement ministériel devient un levier stratégique. Pour le président Sassou-Nguesso, il s’agit de préparer le terrain de la présidentielle tout en consolidant le rayonnement international du Congo, notamment à travers l’UNESCO. Les mois à venir diront si cette stratégie portée par un pouvoir resserré portera ses fruits sur les deux fronts.