Depuis son accession au pouvoir en 2011, après une violente crise post-électorale, Alassane Ouattara a su s’imposer comme une figure centrale de la vie politique ivoirienne. Toutefois, sa longévité suscite de plus en plus d’interrogations. Le 21 juin, lors du congrès du RHDP à Abidjan, les cadres du parti ont unanimement appelé à sa candidature pour la présidentielle de 2025. Ouattara, de son côté, a salué la confiance placée en lui mais s’est gardé de déclarer sa décision, entretenant une incertitude qui divise autant qu’elle intrigue.

Cette position d’attente, qualifiée de calcul politique par plusieurs observateurs, s’inscrit dans une logique déjà éprouvée en 2020, où le président avait longtemps entretenu le suspense avant d’annoncer sa candidature pour un troisième mandat controversé. À l’époque, ses partisans avaient invoqué la nouvelle Constitution de 2016 pour justifier une remise à zéro du compteur présidentiel. Cette interprétation juridique, rejetée par une partie de l’opinion publique et de la communauté internationale, avait alors ravivé les tensions et entraîné des violences meurtrières.
Face à la perspective d’un quatrième mandat, l’opposition et plusieurs organisations de la société civile sonnent l’alarme. La Fondation Ivoirienne pour l’Observation et la Surveillance des Droits de l’Homme et de la vie Politique (FIDHOP) et la Plateforme pour des Élections Credibles en Côte d’Ivoire (PEC-CI) ont appelé, dès le mois de mai, à un retrait du président Ouattara de la scène électorale, estimant que cela contribuerait à restaurer la confiance et à préserver la paix sociale. Elles exigent aussi une révision de la liste électorale, la réintégration de figures politiques comme Laurent Gbagbo, Guillaume Soro ou Blé Goudé, ainsi qu’une réforme de la Commission électorale indépendante (CEI). Certaines envisagent même de porter la question devant les Nations Unies et l’Union européenne.
L’indécision actuelle du président, si elle lui laisse une marge de manœuvre, ajoute aussi à l’incertitude politique. Dans un pays marqué par des fractures historiques, cette attente pourrait nourrir les crispations et entraver les efforts de réconciliation. D’autant que la jeunesse, confrontée à des inégalités persistantes, demeure sensible aux enjeux démocratiques et pourrait être tentée de descendre dans la rue si elle perçoit une confiscation du pouvoir.

Alors que le RHDP continue de faire campagne comme si la candidature était acquise, le silence d’Alassane Ouattara devient en soi un message politique. Le pays, quant à lui, reste suspendu à une décision qui pourrait conditionner sa stabilité pour les années à venir. Plus qu’un choix personnel, la position du président Ouattara pèsera lourdement sur l’image démocratique du pays et sur la capacité des institutions à garantir un processus électoral crédible.
Sources : https://www.jeuneafrique.com/1699704/politique/presidentielle-en-cote-divoire-alassane-ouattara-designe-candidat-par-son-parti/?utm_source=chatgpt.com https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250622-côte-d-ivoire-ouattara-se-prononcera-dans-les-jours-qui-viennent-sur-sa-candidature-à-un-4e-mandat?utm_source=chatgpt.com