À trois mois du scrutin présidentiel, la scène politique camerounaise connaît une effervescence inédite. La Commission électorale a validé la réception de 81 dossiers, un record absolu dans l’histoire du pays. Ce chiffre traduit à la fois un désir d’alternance et un morcellement préoccupant du paysage partisan, dans un contexte marqué par la candidature controversée de Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis plus de quatre décennies.
Le montant de la caution, fixé à 30 millions de francs CFA, n’a pas freiné la prolifération des candidatures, y compris indépendantes, qui s’élèvent à 25. Parmi les postulants, des figures connues comme Maurice Kamto, Cabral Libii ou Joshua Osih, mais aussi des candidatures concurrentes issues d’un même parti, révélant des divisions internes et parfois des conflits juridiques. Cette fragmentation pourrait bénéficier au camp présidentiel, affaiblissant toute tentative d’unité de l’opposition.
D’autant plus que le Conseil constitutionnel, chargé de filtrer les candidatures dans les prochains jours, sera scruté pour son rôle d’arbitre dans un climat de méfiance institutionnelle. Dans ce tumulte politique, la faible représentation féminine, quelques candidatures jeunes ou inattendues, et le retour de certains anciens alliés du régime viennent compléter une scène électorale surchargée. La présidentielle camerounaise de 2025 s’annonce moins comme un affrontement idéologique que comme un révélateur de fractures profondes.