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14/03/2025   

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Orano en crise : Les tensions politiques au Niger réduisent la production d’uranium

Orano en crise : Les tensions politiques au Niger réduisent la production d’uranium

Le groupe minier français Orano, spécialisé dans le combustible nucléaire, fait face à de sérieuses difficultés au Niger suite au coup d'État du 26 juillet 2023.
Le groupe minier français Orano, spécialisé dans le combustible nucléaire, fait face à de sérieuses difficultés au Niger suite au coup d'État du 26 juillet 2023.
Credit : Myrtille Delamarche

Le groupe minier français Orano, spécialisé dans le combustible nucléaire, fait face à de sérieuses difficultés au Niger suite au coup d’État du 26 juillet 2023. Les nouvelles autorités militaires ont décidé de retirer le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren à la filiale du groupe, Imouraren SA, mettant fin à plus de 50 ans d’activités d’Orano dans le pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions entre Paris et Niamey, alors que l’uranium nigérien assure un tiers de l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises.

Orano a réagi avec inquiétude à cette annonce, regrettant l’impact négatif que cela aura sur le développement économique, social et sociétal de la région minière. Le groupe souligne également que cette décision intervient dans un contexte de marché favorable, avec une hausse des cours de l’uranium. Orano s’est dit disposé à maintenir ouverts tous les canaux de communication avec la junte nigérienne, tout en se réservant le droit de contester la décision de retrait du permis devant un tribunal national ou international.

Cependant, l’économiste nigérien Ibrahim Amadou Louché estime que cette décision pourrait avoir un impact négatif sur l’attractivité du Niger pour les investisseurs étrangers, dans le secteur minier comme dans d’autres domaines liés aux ressources naturelles. Il souligne également que les nouvelles autorités sont prêtes à aller jusqu’au bout de leur décision, estimant que les parties en présence ne respectent pas les termes du contrat en vigueur.

Il faut noter que la question de la renégociation des contrats miniers entre Areva (devenu Orano) et le Niger n’est pas nouvelle. Dès 2013, le gouvernement nigérien souhaitait augmenter la redevance de 5,5% à 12% de la valeur du minerai extrait, sous la pression de la société civile. À l’époque, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, déplorait que bien qu’actionnaire des filiales d’Areva au Niger et propriétaire de l’uranium, le pays soit dans une position marginale dans la gouvernance.

Aujourd’hui, les nouvelles autorités militaires semblent vouloir aller plus loin dans le contrôle du secteur minier, faisant du retrait du permis d’Imouraren une priorité. Cette décision intervient dans un contexte géopolitique complexe, où la Russie cherche à prendre le contrôle de certains actifs miniers au Niger, profitant des tensions avec la France.

Pour Orano, cette situation est d’autant plus délicate que le groupe dépend fortement de l’uranium nigérien pour alimenter les centrales nucléaires françaises. La fermeture de la mine d’Imouraren, l’un des plus grands gisements au monde, pourrait avoir des répercussions sur l’approvisionnement énergétique de la France.

Cependant, Orano a commencé à diversifier ses sources d’approvisionnement ces dernières années, notamment au Kazakhstan et au Canada. De plus, le groupe exploite actuellement la mine de Somaïr dans le nord de la région d’Arlit, après la fermeture de Cominak en 2021. Les activités de Somaïr ont repris en février 2024, après un arrêt de plusieurs mois suite au coup d’État.

La tension entre Orano et les autorités nigériennes illustre les défis auxquels sont confrontées les entreprises minières étrangères en Afrique, face à des gouvernements qui cherchent à renégocier les termes des contrats et à s’approprier davantage leurs ressources naturelles. Pour Orano, il s’agit d’un coup dur qui pourrait avoir des répercussions sur son activité et sur l’approvisionnement énergétique français. Cependant, le groupe semble déterminé à maintenir sa présence au Niger et à trouver un terrain d’entente avec les nouvelles autorités.

Sources : https://www.jeuneafrique.com/1593079/economie-entreprises/le-minier-orano-plombe-par-les-tensions-avec-la-junte-au-niger/ https://www.novethic.fr/actualite/energie/energie-nucleaire/isr-rse/coup-d-etat-au-niger-le-groupe-minier-francais-orano-poursuit-ses-activites-sur-place-151672.html https://www.lepoint.fr/afrique/au-niger-la-france-poussee-hors-des-mines-d-uranium-21-06-2024-2563601_3826.php https://afrique.latribune.fr/economie/2024-06-26/au-niger-faut-il-s-inquieter-du-retrait-du-permis-d-exploitation-d-uranium-a-orano-1000768.html https://www.courrierinternational.com/article/tensions-au-niger-la-france-est-aussi-poussee-hors-des-mines-d-uranium


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