Le 15 mai 2025, la cour d’appel de Nouakchott a condamné Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie de 2009 à 2019, à 15 ans de prison ferme pour corruption. Reconnu coupable de blanchiment d’argent, enrichissement illicite, abus de pouvoir et détournement de biens publics, l’ex-chef d’État voit sa peine initiale de 5 ans alourdie de manière significative.
La justice a également ordonné la confiscation de ses biens, sa déchéance de droits civiques, la dissolution de la fondation « Errahma » dirigée par son fils, et la saisie de ses actifs. Son gendre a été condamné à deux ans de prison pour trafic d’influence, tandis que six anciens responsables de son gouvernement ont été acquittés.
Cette affaire, qualifiée de « dossier de la décennie », découle d’un rapport de 2020 de la Commission d’enquête parlementaire dénonçant des irrégularités dans la gestion de projets publics tels que le port de Nouakchott, les marchés pétroliers ou la vente de terrains publics. La défense dénonce un procès politique, invoquant l’immunité présidentielle et l’application rétroactive des lois sur le blanchiment d’argent.
La partie civile, elle, insiste sur la nécessité de vérité et de transparence, soulignant que la Mauritanie est engagée dans des conventions internationales autorisant les poursuites. Détenu depuis 2023, Ould Abdel Aziz a récemment reçu la visite de la Commission nationale des droits de l’homme, à qui il a remis un document sur ses conditions de détention. Cette condamnation est perçue comme un signal fort contre la corruption des élites et un précédent judiciaire majeur en Afrique de l’Ouest.