L’annonce de cet accord a été accueillie avec scepticisme, notamment au Parlement. Mathias Mpuuga, ancien chef de l’opposition, a dénoncé un projet qui « stinks », soulignant le manque de transparence et l’absence d’approbation parlementaire. Dans la société civile, Marlon Agaba, responsable d’un groupe anti-corruption, y voit une entente motivée par des raisons « politiques et peut-être économiques ». Ces critiques traduisent une inquiétude plus large : l’Ouganda, déjà premier pays d’accueil de réfugiés en Afrique avec près de deux millions de personnes, pourrait se retrouver sous une pression supplémentaire.
Le gouvernement a tenté de rassurer en précisant que seuls les migrants africains seraient concernés, à l’exclusion de ceux ayant un casier judiciaire ou des mineurs non accompagnés. Mais les faits montrent que la situation est plus complexe. L’affaire Kilmar Abrego Garcia, un Salvadorien menacé d’expulsion vers Kampala alors qu’il n’a aucun lien avec l’Afrique, a alimenté la colère populaire. Pour beaucoup d’Ougandais, il est incompréhensible que leur pays doive accueillir des individus venus d’autres continents, parfois dans des conditions juridiquement floues.
Au-delà des considérations humanitaires et sécuritaires, plusieurs analystes estiment que cet accord vise à regagner les faveurs de Washington. Depuis la promulgation d’une loi anti-homosexualité en 2023, l’Ouganda a perdu l’accès à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) et a vu ses relations avec les États-Unis se détériorer. Dans ce contexte, Kampala pourrait espérer obtenir des concessions commerciales ou diplomatiques en échange de cette coopération migratoire. Mais pour de nombreux citoyens, la priorité devrait être la lutte contre la pauvreté et la création d’emplois, plutôt que de gérer les expulsés américains.