Une décision issue d’un dialogue controversé
Cette mesure s’inscrit dans la continuité des recommandations formulées en avril 2025 lors des « assises nationales de la refondation ». Ce dialogue, organisé par la junte au pouvoir, a été largement boycotté par les partis politiques et la société civile, qui ont dénoncé un processus fermé, sans réel débat pluraliste.
Parmi les résolutions adoptées figuraient notamment : la nomination d’Assimi Goïta comme président pour une durée de cinq ans, la dissolution des partis politiques, ainsi que la suppression du statut de l’opposition. Des mesures perçues par nombre d’observateurs comme visant à consolider le pouvoir militaire au détriment des institutions démocratiques.
Vers une consolidation du pouvoir militaire
Le projet de loi adopté par le Conseil des ministres doit encore être validé par le Conseil National de Transition, qui fait office d’organe législatif depuis le coup d’État d’août 2020. En l’absence d’élections prévues à court terme, l’adoption de ce texte ouvrirait la voie à un maintien de Goïta au pouvoir jusqu’en 2030.
Cette décision constitue une rupture nette avec les engagements initiaux pris par les autorités de transition. Ces dernières avaient promis un retour à un pouvoir civil d’ici mars 2024, après plusieurs reports déjà critiqués par la CEDEAO et la communauté internationale. Désormais, aucun calendrier électoral n’est communiqué.
Silence intérieur, isolement extérieur
Sur la scène politique nationale, les principaux partis, déjà affaiblis par les restrictions, n’ont pas officiellement réagi à cette nouvelle orientation. La dissolution des formations politiques et l’interdiction de manifester freinent toute mobilisation populaire d’envergure.
À l’échelle régionale, cette évolution s’inscrit dans une dynamique comparable à celle observée au Burkina Faso et au Niger, où les juntes ont également prolongé leur transition sans élections. Les trois pays ont quitté la CEDEAO et fondé l’Alliance des États du Sahel (AES), affichant une volonté commune d’autonomie politique vis-à-vis des institutions régionales et occidentales.
Une transition sans fin ?
Alors que le pays reste confronté à de multiples défis sécuritaires, économiques et sociaux, cette consolidation du pouvoir militaire sans consultation électorale fait craindre un glissement durable vers l’autoritarisme. Plusieurs analystes estiment que cette orientation risque d’aggraver l’isolement diplomatique du Mali et de compromettre les efforts de stabilisation à long terme.
En misant sur un nouveau mandat sans élection pour le colonel Assimi Goïta, les autorités de transition entérinent un changement de cap radical, loin des aspirations démocratiques exprimées après le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020.
Sources : https://www.jeuneafrique.com/1696174/politique/au-mali-le-conseil-des-ministres-favorable-a-un-mandat-presidentiel-sans-election-pour-goita/ https://apnews.com/article/cf66d83bc3d84b626daab408e2e4240a https://www.reuters.com/world/africa/mali-national-dialogue-recommends-name-junta-leader-goita-president-with-five-2025-04-29/