Les pays de la Corne de l’Afrique sont confrontés à des défis climatiques sans précédent, avec des inondations catastrophiques et des sécheresses sévères qui menacent la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes. Dans ce contexte alarmant, l’intelligence artificielle (IA) émerge comme une solution potentielle pour améliorer les prévisions météorologiques et protéger les populations vulnérables, selon Shruti Nath, climatologue à l’Université d’Oxford.
L’approche de l’IA repose sur l’analyse de données satellitaires et de mesures historiques provenant de stations météorologiques. En s’entraînant sur ces données, l’IA peut affiner ses prédictions et fournir des alertes précoces sur les événements climatiques extrêmes. Contrairement aux superordinateurs coûteux utilisés dans les pays développés, le modèle développé à Oxford est suffisamment léger pour fonctionner sur un simple ordinateur portable. Actuellement en phase pilote au Kenya et en Éthiopie, ce système est capable de générer des prévisions jusqu’à 48 heures à l’avance, permettant ainsi d’informer les communautés par le biais de SMS, d’emails ou de diffusions radio.
Isaac Obai, responsable des systèmes alimentaires au Programme alimentaire mondial (PAM), souligne l’importance de diffuser des informations précises sur les conditions météorologiques. Il avertit que sans mesures adéquates, les populations deviendront de plus en plus vulnérables, entraînant des pertes humaines et des impacts économiques considérables. Les événements climatiques extrêmes, aggravés par le changement climatique, risquent d’intensifier la pauvreté et de compromettre les moyens de subsistance.
La Corne de l’Afrique est particulièrement exposée aux aléas climatiques, avec une fréquence accrue de sécheresses et d’inondations. Les pays de cette région, qui ont contribué le moins au réchauffement climatique, subissent les conséquences les plus sévères. Les prévisions indiquent qu’à l’horizon 2040, ces pays pourraient connaître jusqu’à 61 jours par an avec des températures dépassant 35°C, un chiffre quatre fois supérieur à celui des autres régions du monde.
Les effets de ces changements sont alarmants : diminution des rendements agricoles, accès limité à l’eau et menaces sur la biodiversité. Dans un contexte de croissance démographique rapide, l’Afrique pourrait ne satisfaire que 13 % de ses besoins alimentaires d’ici 2050 si des mesures ne sont pas prises. Environ 65 % des travailleurs africains dépendent de l’agriculture, un secteur déjà en crise à cause de l’insécurité alimentaire croissante.
Pour faire face à cette situation critique, il est impératif que les gouvernements de la région intègrent les enjeux climatiques dans leurs stratégies de développement. Cela inclut la protection des ressources en eau et la mise en œuvre de pratiques agricoles durables. De plus, un soutien financier et technique substantiel de la part des partenaires internationaux est essentiel pour aider ces pays à s’adapter aux changements climatiques.
L’intelligence artificielle, en fournissant des prévisions météorologiques plus précises, pourrait jouer un rôle clé dans la sauvegarde des vies et la construction de la résilience des communautés face aux défis climatiques. En renforçant les systèmes d’alerte précoce, l’IA peut contribuer à minimiser les impacts des catastrophes naturelles et à améliorer la sécurité alimentaire dans la région.
Sources : https://www.fao.org/newsroom/detail/horn-of-africa—the-region-is-facing-an-unprecedented-disaster/fr https://www.imf.org/fr/Blogs/Articles/2023/08/30/africas-fragile-states-are-greatest-climate-change-casualties https://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/%C3%A9dition-sp%C3%A9ciale-agriculture-2014/l%E2%80%99afrique-face-au-changement-climatique https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/04/27/le-rechauffement-climatique-accelere-la-secheresse-record-dans-la-corne-de-l-afrique_6171200_3212.htm