Après plus de cinq ans de négociations, l’Allemagne avait reconnu avoir commis un « génocide » entre 1904 et 1908, en promettant une aide au développement de 1,1 milliard d’euros (≈ 721 milliards FCFA) sur trente ans, destinée aux descendants des victimes. Toutefois, Berlin a insisté sur le caractère « volontaire » de cette aide, refusant d’employer le terme « réparations ». Pour les plaignants, cette distinction est inacceptable. « L’accord évite soigneusement de parler de réparations et ne reflète pas nos besoins ni notre mémoire », affirme un représentant du Mouvement des sans-terre. Les chefs traditionnels Herero et Nama dénoncent l’absence de consultations approfondies avant la signature de l’accord et estiment avoir été « réduits au silence » par leur propre gouvernement.
Dans le procès ouvert devant la Haute Cour de Windhoek, les requérants souhaitent inclure formellement l’Allemagne comme partie défenderesse, aux côtés des plus hautes institutions namibiennes et de 24 instances traditionnelles. La Cour suprême examinera cette demande le 7 octobre. Les plaignants cherchent à contraindre Berlin à négocier directement avec les descendants des victimes, rejetant l’argument selon lequel le droit pénal international n’existait pas à l’époque coloniale. Le génocide allemand en Namibie a fait près de 100 000 morts, soit 80 % des Héréros et 50 % des Namas, marquant profondément la mémoire collective et les relations bilatérales.
Chaque année, les communautés Herero et Nama organisent une cérémonie sur l’île de Shark pour commémorer les victimes, et en 2025, la Namibie a célébré pour la première fois la Journée de commémoration du génocide. Le procès imminent ne portera pas sur l’existence du génocide, mais sur la reconnaissance pleine et effective de la justice pour les descendants des victimes. Pour l’Afrique, cette affaire illustre les défis persistants liés à l’héritage colonial, aux réparations et à la nécessité d’une véritable consultation des peuples concernés. Alors que le 7 octobre approche, Windhoek sera le théâtre d’un chapitre décisif de la réconciliation et de la justice historique sur le continent.