Depuis plusieurs décennies, l’Afrique accueille des opérations de maintien de la paix de l’ONU, essentielles à la protection des civils et à la consolidation politique. Mais la réforme UN80, lancée à l’occasion des 80 ans de l’organisation, marque un tournant. Sous l’impulsion de Washington, 361 millions de dollars de contributions américaines ont été annulés. Pour 2025, ces fonds devraient être redirigés vers un nouvel America First Opportunity Fund, destiné aux priorités stratégiques américaines.
La Minusca, dont le budget est fixé à 1,192 milliard de dollars pour 2025-2026, est directement concernée. Déjà, des restrictions budgétaires limitent les déplacements et réduisent les moyens logistiques. Sa cheffe, Valentine Rugwabiza, tente de convaincre les principaux contributeurs de maintenir leurs engagements, mais la Chine, deuxième bailleur, a refusé de compenser le retrait américain. Le Département des opérations de paix envisage une réduction d’un tiers des effectifs militaires de la Minusca et de près de 30 % du personnel civil. Or, la Centrafrique se prépare à des élections générales en décembre, alors que des foyers de violences persistent, notamment dans la Vakaga et à Zémio.
Le retrait de casques bleus fragiliserait la sécurité des scrutins et des populations. Au-delà, les chancelleries occidentales craignent que Moscou n’occupe les positions laissées vacantes par l’ONU, via Wagner ou sa nouvelle structure Africa Corps. La Russie envisage déjà d’implanter des bases militaires et un centre régional de renseignement en Centrafrique. Ces coupes budgétaires ne sont pas qu’une affaire de chiffres : elles interrogent la souveraineté africaine. Face à ce désengagement, il est urgent que les États africains et leur diaspora s’impliquent dans la construction d’une stratégie sécuritaire adaptée, afin que l’avenir de la paix en Afrique reste entre leurs mains.