La musique africaine connaît une popularité sans précédent à l’échelle mondiale. Depuis la première victoire historique en 1966, les artistes du continent ont progressivement marqué de leur empreinte les Grammy Awards, la plus prestigieuse des récompenses musicales. Cette analyse retrace le parcours des principaux lauréats africains qui ont ouvert la voie et continuent de porter la diversité et l’excellence musicale du continent sur la scène globale, soulignant leur influence culturelle croissante.
Parmi les premiers à ouvrir la voie figurent Miriam Makeba, surnommée Mama Africa, qui en 1966 remporte le Grammy avec Harry Belafonte pour An Evening With Belafonte/Makeba. Sa musique incarnait la lutte contre l’apartheid. Sade, née au Nigeria, s’impose ensuite en 1986 en remportant le Grammy du Meilleur Nouvel Artiste, posant les bases d’une carrière internationale remarquable.
Viennent ensuite les artistes qui ont fait rayonner la richesse sonore africaine dans le monde, à l’image du groupe a cappella Ladysmith Black Mambazo, détenteurs de cinq Grammys et complices de Paul Simon sur Graceland. Angélique Kidjo, quintuple lauréate, mêle groove, afrobeat et jazz. Le desert blues est porté par Ali Farka Touré, triple lauréat, et Toumani Diabaté, maître de la kora. Le Soweto Gospel Choir incarne l’Afrique du Sud post-apartheid avec ses trois Grammys, tandis que Youssou N’Dour mêle tradition et audace artistique. Cesária Évora et Tinariwen ont quant à eux hissé la morna et le blues saharien sur le devant de la scène mondiale. Mamadou Diabaté, Babatunde Olatunji et Sikiru Adepoju complètent cette riche galerie de talents traditionnels reconnus.
L’ère moderne est dominée par les stars de l’Afrobeats et de l’Amapiano. Burna Boy, premier à se produire sur la scène principale des Grammys en 2024, décroche le prix du Meilleur Album de Musique Globale en 2021 pour Twice As Tall. Wizkid est récompensé pour sa collaboration avec Beyoncé, tandis que Tems s’impose comme la première femme nigériane à recevoir un Grammy et ouvre la voie avec la nouvelle catégorie Best African Music Performance. Tyla, plus jeune artiste africaine primée, signe un succès majeur avec Water. Black Coffee est le premier DJ africain récompensé dans la catégorie dance/électronique, tandis que Wouter Kellerman, Nomcebo Zikode & Zakes Bantwini, RedOne et Richard Bona complètent cette nouvelle génération d’artistes multi-primés.

L’histoire des artistes africains aux Grammy Awards témoigne d’un passage de l’ombre à la lumière. L’instauration d’une catégorie dédiée à la musique africaine n’est pas un simple ajustement : c’est une reconnaissance de la vitalité culturelle d’un continent. Les succès de ces artistes, dans des genres variés, traduisent un mouvement profond, irréversible. Plus qu’une tendance, c’est une affirmation : l’Afrique est désormais au centre de la scène musicale mondiale, et les Grammys battent au rythme de son cœur.