Fin d’une décennie de tensions et reprise de la coopération militaire
Le 23 septembre 2025, des forces navales égyptiennes sont arrivées en Turquie pour participer à l’exercice « Mer de l’Amitié 2025 », qui s’étend jusqu’au 26 septembre. Il s’agit du premier entraînement militaire conjoint depuis 2013, année marquée par la destitution du président égyptien Mohamed Morsi et la rupture des liens diplomatiques avec Ankara. Cette reprise s’inscrit dans un contexte de dégel progressif entamé en 2020 et renforcé par la nomination d’ambassadeurs en 2023. L’exercice, baptisé officiellement Türkiye-Egypt Friendship Sea Naval Operations Special Exercise, mobilise frégates, sous-marins, navires d’attaque rapide et avions F-16. Il vise à renforcer l’interopérabilité et la coordination tactique, tout en posant les bases d’une alliance stratégique à long terme entre deux puissances majeures de la Méditerranée orientale.
Implications régionales et technologiques
Le timing et l’ampleur de ces manœuvres envoient un signal clair à Israël et à ses alliés, notamment la Grèce et Chypre, en réponse à l’escalade des tensions à Gaza. Le Caire et Ankara partagent une position commune sur la nécessité d’un cessez-le-feu et la création d’un État palestinien sur les frontières de 1967. Au-delà de l’aspect militaire, cette coopération s’étend au transfert de technologie. En mars 2025, un protocole d’accord a été signé entre l’Organisation arabe pour l’industrialisation (AOI) et le groupe turc Havelsan pour la coproduction de drones autonomes en Égypte. Selon le chercheur Hany Elgamal, cette initiative consolide la capacité technologique égyptienne et renforce son rôle stratégique en Afrique. Cette relance de la coopération militaire et industrielle, couplée à des ambitions commerciales et énergétiques, marque un changement notable dans l’équilibre régional. L’axe Ankara-Le Caire se positionne désormais comme un acteur clé capable de façonner lui-même la sécurité et la stabilité en Méditerranée et sur le continent africain.