Alors que les États-Unis cherchent à renforcer leur politique migratoire en diversifiant les destinations des personnes expulsées, le Rwanda a accepté d’accueillir jusqu’à 250 migrants dans le cadre d’un accord signé en juin 2025. Cette décision, rendue publique début août, marque une première pour Kigali avec Washington et fait du Rwanda le troisième pays africain, après le Soudan du Sud et l’Eswatini, à conclure un tel partenariat. Le gouvernement rwandais justifie cette décision en invoquant une tradition de solidarité fondée sur son propre passé migratoire. « Presque toutes les familles rwandaises ont connu les difficultés du déplacement », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, précisant que les personnes accueillies bénéficieront d’un accompagnement incluant logement, soins de santé et formation professionnelle.
Le Rwanda conserve néanmoins un droit de regard sur chaque dossier. Kigali peut approuver ou refuser les personnes proposées par les autorités américaines. Les délinquants sexuels, personnes sous procédure pénale ou purgeant une peine de prison seront automatiquement exclus. De plus, les migrants ne seront pas contraints de rester au Rwanda : ils pourront quitter le pays s’ils le souhaitent. Le pays recevra, en échange, un soutien financier des États-Unis, dont le montant n’a pas été communiqué. Ce type d’accord, inspiré d’une politique initiée sous l’administration de Donald Trump, s’est multiplié récemment.
Des cas similaires ont été observés : des Vénézuéliens envoyés au Salvador, ou encore des migrants asiatiques et caribéens transférés en Eswatini ou au Soudan du Sud. Ces pratiques font l’objet de critiques croissantes, notamment de la part d’ONG qui dénoncent le manque de garanties pour les droits des migrants dans les pays d’accueil. Par le passé, un projet similaire entre le Rwanda et le Royaume-Uni avait été annulé par la justice britannique, qui pointait un risque de mauvais traitements. Ce précédent alimente les réserves concernant le respect des droits humains dans le cadre du nouvel accord avec les États-Unis. Malgré cela, Kigali renforce son rôle sur l’échiquier international, en se présentant comme un acteur pragmatique des solutions migratoires globales.