Le 22 juillet 2023, le Mali a promulgué une nouvelle constitution qui retire le français de son statut de langue officielle, le reléguant à celui de langue de travail. Cette décision, adoptée par un référendum avec 96,91 % des voix, marque un tournant majeur dans l’histoire linguistique du pays, où le français était utilisé depuis l’indépendance en 1960. La nouvelle constitution consacre treize langues nationales, dont le bambara, le dogon et le peul, comme langues officielles. Cette mesure vise à renforcer la souveraineté culturelle et linguistique du Mali, un pays où environ 70 langues sont parlées. Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil National de Transition, a souligné que ce choix répond à un besoin de « respect de la souveraineté linguistique » et d’affirmation identitaire face à une histoire coloniale persistante.
Ce changement s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le Mali et la France. Depuis que les militaires ont pris le pouvoir en 2020, les relations se sont détériorées, notamment après la rupture des accords militaires. Le gouvernement malien a également exprimé son désir de se rapprocher d’autres partenaires internationaux, comme la Russie.
L’abandon du français comme langue officielle est inhabituel dans un pays où cette langue était perçue comme un symbole d’éducation et d’accès aux opportunités. Environ 17 % de la population parlait français en 2015, tandis que plus de 51 % utilisaient le bambara. Les autorités maliennes prévoient d’utiliser les langues nationales dans toutes les structures étatiques et privées, avec une transition progressive vers cette nouvelle réalité linguistique.
Ce changement pourrait également inspirer d’autres nations africaines confrontées à des dilemmes similaires concernant leur héritage colonial. Le Burkina Faso a récemment annoncé des mesures similaires pour abandonner le français au profit de ses langues nationales. Ce mouvement témoigne d’une volonté croissante en Afrique de revendiquer une identité linguistique propre et de se libérer des vestiges du colonialisme.