L’année 2025 marque un tournant majeur pour l’économie ghanéenne, portée par la performance inattendue de sa monnaie nationale, le Cedi. Après avoir entamé l’année aux alentours de 15 Cedis pour un dollar américain, la devise s’est appréciée de manière spectaculaire, atteignant environ 10,21 Cedis par dollar début juin. Soit une progression proche de 50 %, ou environ 43 % en valeur relative. Ce redressement place le Cedi au centre des débats, notamment parmi la diaspora africaine et les analystes du continent, curieux de comprendre les leviers de ce succès monétaire inattendu.
Certains observateurs n’hésitent pas à qualifier le Cedi de monnaie la plus performante au monde cette année. D’autres, plus nuancés, précisent qu’il s’agit de la meilleure performance africaine, juste derrière le rouble russe, qui occupe la première place mondiale. Le contraste est saisissant : en 2022, le Cedi affichait la pire performance mondiale. Comment expliquer une telle inversion de tendance ?
La réponse réside en grande partie dans une série de mesures monétaires rigoureuses initiées par la Banque du Ghana. La hausse du taux directeur à 28 % a permis de freiner la spéculation et de stabiliser le marché, tandis que le passage à un système d’enchères pour les ventes de devises a renforcé la transparence et l’efficacité du marché.

À ces mesures s’ajoute une forte hausse des exportations. L’or, pilier des revenus du pays, a vu ses recettes passer de 7,6 milliards de dollars en 2023 à 11,6 milliards en 2024, notamment grâce à une politique imposant les paiements en Cedis. Les exportations de pétrole et de biens non traditionnels ont également renforcé la balance commerciale, générant un excédent historique.
Autre levier majeur : la réussite de la restructuration de la dette, à la fois locale, bilatérale et sur les euro-obligations. Ces efforts ont ouvert la voie au déblocage de 3 milliards de dollars par le FMI, consolidant les réserves de change et la confiance des investisseurs internationaux.

Sur le plan macroéconomique, les indicateurs montrent des signes encourageants. L’inflation, bien que toujours élevée, a chuté à 21,2 % en avril. Les réformes fiscales, accompagnées d’une stabilité politique sous la présidence de John Dramani Mahama, ont renforcé la crédibilité économique du pays.
La trajectoire du Cedi en 2025 rappelle que la résilience africaine n’est pas un mythe, mais une réalité tangible lorsque les réformes sont cohérentes et soutenues. Certes, des défis demeurent : l’inflation reste au-dessus des objectifs de la Banque du Ghana, et la dette publique reste un point de vigilance. Mais l’exemple ghanéen montre qu’avec une coordination efficace entre institutions, ressources naturelles bien valorisées et soutien des partenaires internationaux, les économies africaines peuvent surprendre et inspirer. Le Ghana, à travers son Cedi, envoie un message clair : le continent a les moyens de reprendre la main sur son destin économique.
Sources : https://thefactwatch.com/2025/06/09/ghana-cedi-best-performing-currency-in-the-world/ https://www.dabafinance.com/en/news/ghanas-cedi-becomes-worlds-best-performing-currency-in-2025 https://thevoiceofafrica.com/2025/06/02/ghanas-cedi-becomes-worlds-best-performing-currency-in-2025/ https://businessday.ng/markets/article/why-ghana-cedi-is-africas-best-performing-currency-in-2025/