Le Burkina Faso est confronté à une urbanisation rapide et à une flambée des prix fonciers, rendant difficile l’accès aux terrains pour une large part de la population. Pour réguler le marché et encourager la construction, le gouvernement a adopté dans la loi de finances rectificative 2025 une taxe annuelle sur les parcelles non mises en valeur depuis cinq ans. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale de densification urbaine et de promotion du logement social. La taxe, comprise entre 750 et 1 000 FCFA par mètre carré selon la zone, augmente de 20 % chaque année tant que le terrain reste inexploité.
L’objectif n’est pas uniquement fiscal : il s’agit de décourager la spéculation et d’inciter les propriétaires à valoriser leurs parcelles. La mesure est présentée comme une « seconde chance » face au retrait automatique des terrains prévu par la législation précédente. Des exemptions sont prévues pour les parcelles en litige, celles en cours de construction financée, les terrains appartenant à des personnes indigentes ou héritiers mineurs. Une parcelle est considérée valorisée lorsqu’elle accueille une habitation avec clôture et installations sanitaires, ou lorsqu’elle respecte un cahier des charges spécifique, comme pour les terrains de la SONATUR (Société Nationale des Aménagements Urbains et Touristiques).
Parallèlement, la loi introduit des allègements fiscaux pour soutenir l’économie : exonération de la TVA sur les aliments pour poissons et sur les boissons à base de fruits et légumes, et réduction de la retenue à la source pour les transporteurs transfrontaliers. Si certains saluent cette mesure comme un levier pour l’emploi et l’accès au logement, d’autres s’inquiètent de son impact sur les ménages vulnérables et du coût élevé des matériaux de construction. Malgré ces défis, cette taxe représente un pas important vers une gestion foncière plus équitable et un développement urbain maîtrisé, à condition qu’elle soit accompagnée d’une mise en œuvre transparente et d’un soutien aux citoyens dans la valorisation de leurs terrains.