Dans un mouvement croissant vers une unité continentale renforcée, plusieurs pays africains cherchent à faciliter la mobilité de leurs citoyens. Le Burkina Faso a franchi une étape décisive en rendant gratuits les visas pour les ressortissants des 54 États africains, une mesure officialisée le 11 septembre 2025 par le ministre de la Sécurité Mahamadou Sana, à l’issue d’un Conseil des ministres présidé par le capitaine Ibrahim Traoré. Si les procédures de demande et de contrôle restent en place pour des raisons de sécurité, la suppression des frais retire un obstacle financier majeur, jusque-là dissuasif, les coûts pouvant atteindre environ 55 000 FCFA pour un visa touristique à entrée simple et 93 500 FCFA pour un visa d’affaires à entrées multiples, sans compter les frais consulaires et de plateformes intermédiaires.
Cette décision s’inscrit dans la vision panafricaniste du chef de l’État burkinabè, qui entend consolider les liens historiques de fraternité entre peuples africains et stimuler la libre circulation des personnes et des biens. Au-delà du symbole, l’impact attendu est considérable : dynamisation du tourisme vers des sites emblématiques tels que les falaises de Banfora ou Bobo-Dioulasso, accroissement des flux commerciaux et collaborations professionnelles, et renforcement de l’intégration économique régionale. Le pays souhaite ainsi se positionner comme une terre d’accueil et d’échanges au cœur du continent. Le Burkina Faso rejoint un mouvement continental initié par des pays comme le Rwanda, pionnier dès 2013, le Bénin en 2019, ou encore le Ghana et le Kenya, qui ont adopté des mesures d’assouplissement.
Mais Ouagadougou innove en supprimant totalement les frais, allant plus loin que la plupart de ses pairs et s’alignant sur les ambitions de l’Union africaine en faveur d’un passeport africain unique. Cette ouverture intervient toutefois dans un contexte géopolitique complexe marqué par le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, et la création annoncée d’une Confédération des États du Sahel. Si cette rupture pourrait compliquer la mobilité des Burkinabè vers certains pays voisins, la gratuité des visas pour les Africains envoie un signal clair : celui de construire des ponts, même en période d’incertitude. En supprimant une barrière financière majeure, le Burkina Faso contribue à rapprocher les peuples et à ouvrir la voie à une Afrique plus connectée, où la solidarité et la mobilité deviennent des moteurs essentiels de développement et de prospérité partagée.