Le 30 août 2025 restera une date symbolique pour le Gabon. Alors que le pays célébrait le deuxième anniversaire du renversement d’Ali Bongo Ondimba, désormais institué en “Fête de la Libération”, le lieutenant Kelly Ondo Obiang a retrouvé la liberté après près de sept années de détention. Condamné pour sa tentative de coup d’État du 7 janvier 2019, il a bénéficié d’une amnistie générale adoptée le 12 août 2025, qui efface toutes les condamnations liées aux crises politiques récentes, y compris celles de 2023.
La libération de Kelly Ondo, ancien lieutenant de la Garde républicaine, a un poids politique et symbolique fort. En choisissant le 30 août pour annoncer sa sortie, le président Brice Clotaire Oligui Nguema inscrit son régime dans une continuité de “libération nationale”. Lui-même arrivé au pouvoir par un putsch en 2023 puis élu en 2025 avec plus de 94 % des voix, il cherche à consolider l’idée que l’armée est garante de la souveraineté gabonaise.
À sa sortie, Kelly Ondo a rendu hommage à ses compagnons tombés en 2019 et exprimé sa gratitude envers Oligui Nguema, qu’il a qualifié “d’instrument de Dieu et du peuple”. Ses paroles ont renforcé la portée de ce geste, qui se veut réconciliation nationale. Mais pour l’opposition, cette amnistie masque la continuité du système. L’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie By Nze estime que “seuls Ali Bongo et sa famille ont disparu, les failles institutionnelles persistent”. Entre ouverture et calcul politique, l’amnistie de Kelly Ondo interroge : geste de rupture ou outil de consolidation du pouvoir ?