Un décret présidentiel qui change la donne
Le 6 août 2025, le président de la transition guinéenne, Mamady Doumbouya, a pris un décret révoquant la concession accordée à la Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale du groupe Emirates Global Aluminium (EGA), basé aux Émirats Arabes Unis. L’entreprise exploitait depuis 2019 un site stratégique de 690 km² dans l’ouest du pays, contenant environ 400 millions de tonnes de bauxite, minerai essentiel à la production d’aluminium. En 2022, la GAC avait exporté environ 14 millions de tonnes de bauxite, principalement vers des marchés internationaux.
Les autorités guinéennes ont justifié cette décision par le non-respect des dispositions du code minier national. Certaines clauses de l’accord de concession auraient été en contradiction avec les exigences locales en matière d’exploitation responsable. Le décret annule tous les droits de la GAC et transfère l’ensemble des données collectées au gouvernement.
Une stratégie assumée de souveraineté économique
Cette révocation s’inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement de transition, qui vise à rééquilibrer les partenariats miniers en faveur des intérêts nationaux. La Guinée souhaite désormais renforcer la participation locale dans le secteur minier et maximiser les retombées économiques internes. La concession sera désormais attribuée à une nouvelle entité guinéenne, Nimba Mining SA, soutenue par l’État.
Les institutions locales, dont le Centre de Promotion et de Développement Minier, superviseront l’exécution de cette décision. Le gouvernement guinéen affirme ainsi sa volonté de faire respecter sa législation et d’encourager une exploitation plus équitable des ressources naturelles.
Un signal fort aux investisseurs étrangers
Cette décision pourrait susciter des tensions diplomatiques avec les Émirats Arabes Unis, mais elle illustre clairement la position de plus en plus affirmée des pays africains sur la maîtrise de leurs ressources. Pour la Guinée, comme pour d’autres nations du continent, il s’agit d’établir un nouveau rapport de force avec les partenaires étrangers, basé sur le respect de la souveraineté économique.