La Chine a récemment annoncé qu’à partir du 1er décembre 2024, elle appliquera un traitement tarifaire nul sur 100 % de ses importations en provenance des pays les moins avancés (PMA) avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques. Cette initiative, annoncée par le président chinois Xi Jinping lors de la 9e édition du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), concerne 33 pays africains, dont l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi et la République centrafricaine. Bien que cette ouverture unilatérale du marché chinois soit perçue comme une grande opportunité pour l’Afrique, une analyse plus approfondie révèle que les bénéfices pourraient être limités. En effet, la majorité des produits concernés sont des matières premières non transformées et de faible valeur. Parmi les 140 nouveaux produits pouvant être exportés sans droits de douane figurent le riz, le blé, le sucre, le coton, l’huile de soja, les cigarettes, le bois, la laine et le papier.
Cette mesure n’est pas sans précédent. Depuis 2005, la Chine a progressivement élargi son régime tarifaire préférentiel aux PMA africains. Lors de la 2e édition du FOCAC en 2003, Pékin avait déjà accordé un traitement tarifaire zéro à 30 pays africains pour 190 produits. Malgré ces efforts, les échanges bilatéraux restent déséquilibrés. En 2023, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint 282 milliards de dollars, mais la balance commerciale est largement en faveur de la Chine, qui exporte principalement des produits manufacturés vers le continent. L’impact du démantèlement tarifaire sur les PMA africains a été globalement positif depuis son introduction. Selon Development Reimagined, un think tank basé en Chine, depuis 2005, la valeur totale des exportations des pays bénéficiant d’un traitement tarifaire nul s’est élevée à 578 milliards de dollars. Cependant, cette croissance n’est pas uniquement attribuable à l’exonération des droits de douane ; les pays non bénéficiaires ont également connu une augmentation similaire de leurs exportations.
Les exportations des PMA vers la Chine sont dominées par des produits non transformés tels que le pétrole brut et les minerais. Par exemple, cinq pays – l’Angola, la République démocratique du Congo (RDC), la Zambie, la Mauritanie et la Guinée – ont représenté environ 70 % des exportations africaines vers la Chine au cours de l’année écoulée.
Pour bénéficier réellement du démantèlement tarifaire, les pays africains doivent développer leur capacité de fabrication et de transformation afin d’exporter des produits à plus forte valeur ajoutée. Des experts comme Lauren Johnston, professeure associée au China Studies Centre de l’Université de Sydney, soulignent que l’absence de droits de douane n’est pas le principal obstacle aux exportations vers la Chine pour ces pays.
En conclusion, bien que l’initiative chinoise d’accorder un traitement tarifaire nul aux PMA africains puisse sembler prometteuse sur le papier, son impact réel sur les échanges commerciaux pourrait rester marginal sans une amélioration significative des capacités industrielles et commerciales des pays concernés. Pour maximiser cette opportunité, il est crucial que ces nations diversifient leurs partenariats commerciaux et améliorent leurs infrastructures afin d’accéder à des marchés plus larges et plus rentables.