Un procès historique et des accusations graves
Le 25 juillet 2025, la Haute Cour militaire de Kinshasa a ouvert le procès de Joseph Kabila, en l’absence de l’ancien président. La procédure fait suite à la levée de son immunité parlementaire de sénateur à vie, permettant à la justice militaire de poursuivre des accusations allant de la trahison à des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, en passant par le viol, le meurtre, la torture et la déportation. Ces faits, liés à des événements dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, sont passibles de la peine de mort, rétablie depuis 2024. Le procès a été reporté au 31 juillet à la demande de ses avocats.
Des liens présumés avec le M23 et le Rwanda
Le cœur des accusations repose sur le soutien présumé de Kabila au groupe rebelle M23 et à son bras politique, l’Alliance Fleuve Congo (AFC). Il est soupçonné d’avoir collaboré avec une puissance étrangère le Rwanda pour tenter de renverser l’ordre établi. Des crimes graves attribués à cette coalition, notamment lors de l’occupation de Goma, sont au centre du dossier. Si Joseph Kabila a nié toute implication, sa visite récente dans des zones sous contrôle rebelle a ravivé les soupçons.
Opposition du PPRD et fracture politique
Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), fondé par Kabila, qualifie la procédure de “procès de la honte” et dénonce une manœuvre politique. Son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, parle d’une condamnation écrite à l’avance et d’une instrumentalisation judiciaire destinée à éliminer un adversaire politique. Le gouvernement, par la voix du vice-ministre de la Justice Samuel Mbemba, affirme au contraire que la justice agira “sans négociation ni interférence”. Ce procès reflète une profonde rupture entre les camps Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, dans un contexte marqué par les efforts de paix avec le M23 et une instabilité persistante à l’Est.
Un tournant pour la justice et la stabilité nationale
Au-delà de la figure de Joseph Kabila, ce procès pourrait transformer durablement le paysage politique congolais. Il interroge sur l’indépendance de la justice, le respect de l’État de droit et les mécanismes de réconciliation dans une République démocratique du Congo encore marquée par les conflits armés. L’issue de ce procès historique aura un impact décisif sur la cohésion nationale et la gouvernance future du pays.