Alors qu’Israël multiplie les frappes sur des installations iraniennes, un site en particulier attire l’attention : Fordo. Enfoui à 80 mètres sous terre, ce complexe reste hors de portée des capacités militaires israéliennes actuelles. Tous les regards se tournent vers les États-Unis, seuls détenteurs de l’arme capable de neutraliser cette forteresse. Un contexte explosif qui interroge l’avenir de la sécurité régionale et la posture des grandes puissances.
Le Moyen-Orient est à nouveau le théâtre d’une confrontation intense entre Israël et l’Iran. Missiles et frappes ciblées rythment les journées, alors que l’État hébreu affiche sa volonté de freiner l’ambition nucléaire iranienne. Certaines installations sensibles, comme celles de Natanz et Ispahan, ont été touchées. Mais Fordo, un site d’enrichissement d’uranium stratégique, reste intact. Sa profondeur plus de 80 mètres sous terre le rend inaccessible aux bombes conventionnelles. Face à cette impasse, l’attention se tourne vers Washington et son arsenal militaire ultra-spécialisé.
Construit dans le plus grand secret et profondément enterré, le site de Fordo est considéré par l’AIEA comme un élément central du programme nucléaire iranien. Il constitue aujourd’hui un défi redoutable pour Israël. Malgré une semaine de bombardements intensifs, ce site souterrain reste hors de portée. Sa protection physique en fait une cible presque invulnérable. Pour les experts, Israël ne dispose tout simplement pas de l’outil militaire nécessaire pour infliger des dégâts notables à Fordo. Face à ce mur stratégique, une seule arme est identifiée comme pouvant atteindre Fordo : la GBU-57, une bombe américaine de 13 tonnes conçue pour percer les bunkers les plus résistants.
Longue de 6,6 mètres, elle peut s’enfoncer jusqu’à 60 mètres avant de détoner. Son enveloppe renforcée d’acier permet de traverser les couches rocheuses. Elle est uniquement utilisable par les bombardiers furtifs B-2, capables d’en transporter deux à la fois. Le développement de cette bombe remonte au début des années 2000. Les États-Unis en ont commandé une vingtaine en 2009, au moment même où l’Iran révélait l’existence de Fordo. Sans leur intervention directe, Israël ne peut espérer que viser les accès au site, misant sur des dommages collatéraux.
La décision d’utiliser la GBU-57 dépend exclusivement des États-Unis, et donc de Donald Trump, dont les déclarations souvent contradictoires nourrissent l’incertitude. Le président américain oscille entre volonté d’éviter une guerre ouverte et posture de fermeté. Pour l’historien André Kaspi, cette ambivalence reflète une stratégie du “deal” : négocier, sans engager une nouvelle guerre. Plusieurs facteurs freinent une implication directe : l’opinion publique américaine reste très critique envers le régime iranien, mais hostile à une nouvelle intervention militaire. Les intérêts énergétiques dans le détroit d’Ormuz pèsent lourdement dans les calculs. L’armée américaine, prête à agir, attend l’ordre présidentiel.
Concernant les relations avec Israël, Trump ne semble pas sous influence, mais Netanyahou exploite habilement les faits accomplis, forçant la main à son allié tout en ménageant ses propres priorités. La question de Fordo illustre l’extrême complexité des équilibres au Moyen-Orient. La capacité des États-Unis à intervenir militairement ou non redessine les rapports de force. L’utilisation de la GBU-57 reste une option redoutée, tant pour ses implications militaires que diplomatiques.
L’avenir de cette crise nucléaire aura des répercussions majeures sur la stabilité régionale, la politique américaine, mais aussi sur l’ensemble du système de sécurité internationale. Comprendre les enjeux autour de Fordo, c’est anticiper les prochaines lignes de fracture d’un monde en mutation. Le Moyen-Orient, plus que jamais, est au cœur d’une partie d’échecs planétaire dont les mouvements dépendent d’un arsenal, mais surtout de décisions politiques aux conséquences globales.
Sources : https://www.publicsenat.fr/actualites/international/conflit-israel-iran-les-militaires-americains-nattendent-plus-que-le-feu-vert-de-trump-pour-intervenir-en-iran https://www.publicsenat.fr/actualites/international/iran-israel-ce-que-lon-sait-sur-la-bombe-americaine-gbu-57-capable-de-detruire-le-site-nucleaire-de-fordo