Le 7 août 2025, le ministère de l’Intérieur a signé plusieurs arrêtés dissolvant le Syndicat National des Agents de la Justice (SNAJ), le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN), le Syndicat Indépendant des Magistrats du Niger (SIMAN), le Syndicat des Cadres et Agents du Ministère de la Justice (SYNCAT) et l’Union des Magistrats du Niger (UMAN). Ces mesures sont officiellement justifiées par l’ordonnance n°84-06 de 1984, mais Transparency International Niger (TI-Niger) dénonce une « manœuvre politique visant à museler la voix des magistrats ». Peu après, deux magistrats membres du SAMAN ont été radiés, renforçant le sentiment d’intimidation dans le secteur judiciaire.
Parallèlement, le gouvernement a adopté une ordonnance présidentielle « relative à la discipline des magistrats pendant la période de la Refondation », conférant au président le pouvoir de sanctionner tout comportement jugé « attentatoire à l’image des institutions ». Cette ordonnance, jugée vague par des experts, pourrait permettre des sanctions arbitraires et constitue selon Me Amadou Bachir, avocat au barreau du Niger, « une attaque directe contre l’indépendance de la justice ».
Les réactions nationales et internationales ont été immédiates et unanimes. TI-Niger considère ces mesures comme une violation grave de l’État de droit et des engagements internationaux du pays. Le SAMAN a lancé une grève illimitée, paralysant partiellement le système judiciaire. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, regroupant la FIDH et l’OMCT, a dénoncé ces décisions comme des atteintes graves aux libertés fondamentales et à la séparation des pouvoirs.
Ces actions s’inscrivent dans un contexte politique répressif où les syndicats, la société civile et les médias voient leur marge d’action réduite, et où des arrestations arbitraires, comme celle du défenseur des droits humains Moussa Tchangari, fragilisent la confiance des citoyens envers l’État. La dissolution des syndicats et la radiation des magistrats représentent un défi majeur pour l’indépendance de la justice au Niger. TI-Niger appelle à l’abrogation immédiate de ces mesures, au respect des libertés syndicales et à la protection des magistrats, soulignant que la construction d’une société juste repose sur une justice véritablement indépendante.