Le président ghanéen John Dramani Mahama a officialisé la destitution de la magistrate, la troisième femme à occuper la présidence de la Cour suprême, en application de l’article 146(9) de la Constitution. Cette mesure fait suite à une enquête de six mois déclenchée par une pétition citoyenne dénonçant des décisions judiciaires partiales et une mauvaise utilisation de fonds publics. Le comité d’enquête, présidé par le juge Gabriel Pwamang, a examiné la première des trois pétitions déposées, entendu 25 témoins et analysé près de 10 000 pages de documents. Le rapport a conclu que les motifs de mauvaise conduite étaient « fondés » et a recommandé la destitution.
Le président Mahama a qualifié cette décision de « victoire de l’État de droit », soulignant l’indépendance de la justice et l’égalité de tous devant la loi. Pour sa part, Gertrude Araba Esaaba Torkornoo a contesté la procédure, dénonçant des irrégularités et estimant que ses droits avaient été bafoués. Le Nouveau parti patriotique (NPP) et certains observateurs ont également critiqué ce qu’ils considèrent comme un « abus de pouvoir » de l’exécutif.
La polarisation politique autour de cette affaire souligne la fragilité des équilibres institutionnels au Ghana et suscite des débats sur l’indépendance du pouvoir judiciaire en Afrique. La question de savoir si Madame Torkornoo fera face à des poursuites supplémentaires reste ouverte. Cet épisode constitue un signal fort sur la gouvernance et l’État de droit sur le continent, en rappelant que même les plus hautes instances judiciaires peuvent être soumises à des mécanismes de contrôle et de responsabilité. Pour le Ghana, la destitution illustre la complexité de concilier lutte contre la corruption et respect de l’indépendance judiciaire.