La scène numérique africaine est devenue l’un des terrains privilégiés des cybercriminels, et le Nigeria s’impose désormais comme l’un des pays les plus actifs dans la lutte contre ces réseaux. Depuis le 15 août 2025, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), en collaboration avec le service d’immigration, a lancé une vaste opération qui a conduit à l’expulsion de plus d’une centaine d’étrangers. Parmi eux, 50 ressortissants chinois et un Tunisien ont déjà été renvoyés, tandis que d’autres sources évoquent un total de 192 expulsions concernant des Chinois et des Philippins.
Ces individus étaient accusés d’avoir mis en place des systèmes frauduleux sophistiqués, allant du hameçonnage aux plateformes de trading fictives et pyramides financières. Leurs victimes se trouvaient aussi bien aux États-Unis, au Canada, au Mexique et en Europe qu’en Afrique, générant des millions de dollars de profits illicites. Les enquêtes ont montré que ces groupes utilisaient des complices nigérians pour piéger les internautes, souvent via de fausses histoires sentimentales menant à des investissements dans de prétendues cryptomonnaies.
Fin 2024 déjà, les autorités nigérianes avaient arrêté près de 800 personnes dans un immeuble de Lagos présenté comme un centre de fraude numérique. Cette nouvelle série d’expulsions confirme la volonté du Nigeria de ne pas servir de base aux réseaux criminels internationaux. Selon l’EFCC, les personnes condamnées ont été jugées par les tribunaux nigérians avant leur renvoi, conformément aux accords bilatéraux en vigueur.
Cette opération suscite aussi l’attention des pays voisins. Au Cameroun, par exemple, des experts en cybersécurité notent la similarité des méthodes employées avec celles d’entreprises locales controversées, ciblant une jeunesse urbaine vulnérable. La détermination du Nigeria à intensifier sa lutte contre la cybercriminalité transnationale marque un tournant pour la sécurité numérique en Afrique de l’Ouest. Alors que les économies numériques africaines se développent rapidement, cette initiative pourrait inciter d’autres pays de la région à renforcer leur coopération pour contenir des réseaux qui dépassent largement les frontières nationales.