Aujourd'hui

14/03/2025   

PUB

PUB

Politique

L’essentiel à retenir dans l’univers de la politique, des stratégies, des idées, et bien davantage.

Crise Diplomatique au Sahel : Le Mali, le Burkina Faso et le Niger Appellent l’ONU à Agir Contre l’Ukraine

Crise Diplomatique au Sahel : Le Mali, le Burkina Faso et le Niger Appellent l’ONU à Agir Contre l’Ukraine

Dans une lettre ouverte datée du 19 août 2024, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois régimes alliés dirigés par des militaires, ont lancé un appel choc au Conseil de sécurité de l'ONU. Les trois pays sahéliens accusent ouvertement l'Ukraine de « soutenir le terrorisme international, en particulier au Sahel » et demandent des mesures pour y faire face.
Les chefs d'État du Mali Assimi Goita, du général Abdourahamane Tiani du Niger et du capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso posent pour des photos lors du premier sommet ordinaire des chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance des États du Sahel (AES) à Niamey, Niger, le 6 juillet 2024. REUTERS/Mahamadou Hamidou

Dans une lettre ouverte datée du 19 août 2024, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois régimes alliés dirigés par des militaires, ont lancé un appel choc au Conseil de sécurité de l’ONU. Les trois pays sahéliens accusent ouvertement l’Ukraine de « soutenir le terrorisme international, en particulier au Sahel » et demandent des mesures pour y faire face. Cette déclaration survient dans un contexte tendu, quelques semaines après la débâcle de l’armée malienne et de son allié russe, le groupe paramilitaire Wagner, face à des rebelles lors de la bataille de Tinzaouatène fin juillet 2024. Les autorités maliennes et nigériennes ont rompu leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine, qu’elles tiennent pour responsable d’avoir fourni des informations aux insurgés.

Dans leur lettre, les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger dénoncent « le soutien ouvert et assumé de la République d’Ukraine au terrorisme international, en particulier au Sahel ». Ils appellent le Conseil de sécurité à « prendre les mesures appropriées contre ces actions subversives qui renforcent les groupes terroristes en Afrique et constituent la manifestation de l’implication de sponsors étatiques étrangers dans l’expansion du terrorisme dans la région ». Un responsable du renseignement militaire ukrainien, Andriï Ioussov, avait sous-entendu que Kiev avait fourni des informations aux rebelles pour qu’ils puissent mener à bien leur attaque, des propos qui avaient ensuite été partagés par l’ambassadeur ukrainien au Sénégal. Une source sécuritaire occidentale a confirmé à l’AFP l’existence de contacts entre les autorités militaires ukrainiennes et les séparatistes maliens, sans pouvoir en préciser la nature exacte.

La diplomatie ukrainienne a rejeté fermement ces accusations, assurant qu’elle adhérait « inconditionnellement » aux normes du droit international. Kiev a regretté une décision « précipitée » des régimes militaires malien et nigérien de rompre leurs relations avec elle. Cependant, les preuves d’un soutien ukrainien aux rebelles semblent s’accumuler. Moscou n’a pas manqué de profiter de la situation, accusant Kiev d’ouvrir « un deuxième front » en Afrique en soutenant « des groupes terroristes dans des États du continent favorables à Moscou ».

Ces événements s’inscrivent dans un contexte de rivalité croissante entre la Russie et l’Occident en Afrique. Depuis 2022, le Mali a rompu son alliance avec la France et ses partenaires européens pour se tourner vers Moscou. Le pays a même fondé avec le Burkina Faso et le Niger une nouvelle confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES). Le soutien de l’Ukraine aux rebelles maliens pourrait être une tentative de contrecarrer l’influence russe dans la région. Cependant, cette ingérence étrangère risque surtout d’aggraver la situation sécuritaire déjà précaire au Sahel, où les groupes jihadistes profitent des tensions pour étendre leur emprise.

La lettre du Mali, du Burkina Faso et du Niger marque une nouvelle étape dans la crise diplomatique avec l’Ukraine. En portant l’affaire devant l’ONU, les trois pays cherchent à internationaliser le conflit et à obtenir des sanctions contre Kiev. Reste à savoir si le Conseil de sécurité, paralysé par les rivalités entre grandes puissances, sera en mesure de répondre à leur appel. Une escalade des tensions entre l’Ukraine et ses accusateurs sahéliens pourrait avoir de lourdes conséquences pour la stabilité de la région.

Dans ce contexte explosif, la priorité devrait être de désamorcer la crise diplomatique et de se concentrer sur la lutte contre le terrorisme, qui reste le défi majeur pour ces pays sahéliens affaiblis par les conflits et les coups d’État à répétition. Mais l’ingérence des grandes puissances risque de compliquer encore davantage la donne.

Crise Diplomatique au Sahel : Le Mali, le Burkina Faso et le Niger Appellent l’ONU à Agir Contre l’Ukraine

Dans une lettre ouverte datée du 19 août 2024, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois régimes alliés dirigés par des militaires, ont lancé un appel choc au Conseil de sécurité de l'ONU. Les trois pays sahéliens accusent ouvertement l'Ukraine de « soutenir le terrorisme international, en particulier au Sahel » et demandent des mesures pour y faire face.
Les chefs d'État du Mali Assimi Goita, du général Abdourahamane Tiani du Niger et du capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso posent pour des photos lors du premier sommet ordinaire des chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance des États du Sahel (AES) à Niamey, Niger, le 6 juillet 2024. REUTERS/Mahamadou Hamidou

À découvrir aussi

La banque nigériane Zenith Bank ouvre une succursale à Paris, marquant une étape importante dans l’expansion des institutions africaines en Europe. Une stratégie qui contraste avec le retrait progressif de plusieurs banques européennes du continent africain.
Le groupe français Orano a annoncé le 20 décembre 2024 qu’il engageait un arbitrage international contre l’État du Niger, suite à la suspension de son permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren. Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Niamey et les entreprises minières, exacerbées par les récentes politiques de souveraineté du régime militaire nigérien.
Face aux accusations de la République démocratique du Congo concernant l’utilisation de minerais « exploités illégalement », Apple a annoncé le 16 décembre 2024 la suspension de ses achats de tungstène, d’étain et de tantale en provenance de la RDC et du Rwanda. Cette décision soulève des questions sur la transparence des chaînes d’approvisionnement et les pratiques des entreprises technologiques.
L’Union européenne a récemment mis à jour sa liste noire des compagnies aériennes, y ajoutant 55 transporteurs africains, portant le total à 129. Cette décision soulève des questions sur la sécurité aérienne et les impacts économiques pour les compagnies concernées.
Les descendants d’esclaves déportés lors de la traite transatlantique peuvent désormais demander la nationalité béninoise, une mesure historique annoncée par Cotonou. Ce geste, chargé de symbolisme, soulève des questions sur les bénéficiaires potentiels, les motivations du gouvernement et les défis de sa mise en œuvre.
Une bousculade survenue lors d’une foire pour enfants à Ibadan, au Nigeria, a fait au moins 35 morts et six blessés graves. Le gouvernement a arrêté huit personnes, dont le principal organisateur de l’événement, alors que des questions émergent sur la sécurité et la gestion des foules.
La capitale malienne remplace les noms de rues et places hérités de l’époque coloniale ou associés à des institutions en conflit avec le pays. Une démarche symbolique qui reflète les tensions géopolitiques et les choix souverainistes du régime militaire.
En seulement quatre mois, 100 femmes ont été tuées au Kenya, majoritairement par des partenaires ou des proches. Face à cette crise croissante, le gouvernement intensifie ses efforts, mais les défis restent immenses.
Le 18 décembre 2024, le gouvernement gabonais a annoncé la levée du couvre-feu en vigueur depuis août 2023, une décision accueillie favorablement par la population. Toutefois, l’expression “jusqu’à nouvel ordre” suscite des interrogations sur la pérennité de cette mesure.