Selon le dernier rapport d’Action contre la Faim, la situation nutritionnelle des enfants au Mali est au plus mal. Les taux de malnutrition aiguë globale chez les moins de 5 ans ont atteint des sommets jamais égalés ces 10 dernières années, dépassant largement les seuils critiques fixés par l’OMS.
Des chiffres inquiétants
Selon Mamadou Diop, directeur pays d’Action Contre la Faim au Mali, « on a atteint des taux de malnutrition jamais égalée ces 10 dernières années, de 30 % de malnutrition aiguë globale. Et un taux de malnutrition sévère de 11 %, sachant que le seuil d’alerte est de 2% pour la malnutrition sévère ». Ces chiffres sont particulièrement alarmants dans les régions du nord et du centre du pays, touchées par les conflits. Dans les camps de déplacés de la région de Gao, 30% des enfants souffrent de malnutrition aiguë globale et 11% de malnutrition sévère. Ces proportions sont qualifiées d’« inquiétantes » par l’ONG, car en l’absence de prise en charge rapide, les enfants risquent de développer des complications pouvant entraîner la mort.
Les conflits, principale cause de cette crise
La hausse de la malnutrition infantile au Mali s’explique en grande partie par les différents conflits qui déchirent le pays depuis 2012. Ces violences ont contraint de nombreuses populations à fuir, les privant de leurs moyens de subsistance et aggravant une situation déjà précaire. Au total, près d’un million d’enfants de moins de 5 ans risquent de sombrer dans la malnutrition aiguë d’ici la fin de l’année 2023. Parmi eux, au moins 200 000 risquent de mourir de faim si l’aide humanitaire ne parvient pas à eux.
Une situation qui s’inscrit dans une crise régionale plus large
La situation critique des enfants maliens s’insère dans un contexte d’urgence humanitaire plus vaste au Sahel central, impliquant également le Burkina Faso et le Niger. Au Mali, près de cinq millions d’enfants ont un besoin urgent d’assistance, notamment en matière de santé, de nutrition, d’éducation, de protection et d’accès à l’eau potable. Malgré ces crises persistantes, les travailleurs humanitaires peinent à atteindre les populations les plus vulnérables, faute de sécurité et de financement suffisant. Selon Mamadou Diop, « l’un des plus gros problèmes que nous avons aujourd’hui, c’est que nous n’arrivons pas à atteindre le niveau de financement requis pour être à la hauteur de nos capacités de réponse ».
Des efforts à poursuivre pour enrayer la malnutrition
Le Mali a certes engagé des efforts pour lutter contre la malnutrition ces dernières années, avec notamment l’adoption de l’iodation universelle du sel et l’organisation biannuelle de Semaines d’Intensification des Activités Nutritionnelles (SIAN). Mais la situation reste précaire, avec 79% des ménages seulement disposant de sel iodé, contre un objectif de 90%. La nutrition est pourtant essentielle pour le développement social et économique du pays. Une étude de 2017 a révélé que les pertes de productivité liées à la malnutrition représentaient 4,06% du PIB malien en 2013, soit 265,531 milliards de FCFA. Ce coût est principalement dû à la mortalité supplémentaire induite par la sous-nutrition, mais aussi aux fardeaux pour les secteurs de la santé et de l’éducation.
Face à l’urgence, les autorités maliennes et la communauté internationale doivent redoubler d’efforts pour enrayer cette crise nutritionnelle qui frappe durement les enfants. L’accès sécurisé et durable de l’aide humanitaire aux populations les plus vulnérables est crucial pour éviter le pire.