Le 2 septembre 2025, la Cour de cassation a reconnu Constant Mutamba coupable d’avoir détourné une partie des fonds destinés à la construction d’une prison à Kisangani. Il avait autorisé le paiement anticipé de 19,9 millions de dollars américains, soit environ 12,3 milliards FCFA, à la société Zion Construction, alors que la législation n’autorisait que 30 % d’un marché estimé à plus de 29 millions de dollars. Outre sa peine de travaux forcés, l’ancien ministre est interdit de droits civiques et d’éligibilité pendant cinq ans après sa peine, exclu de toute fonction publique et sommé de restituer les 19 millions USD (11,7 milliards FCFA). La Cour a également écarté toute possibilité de libération conditionnelle.
Ce verdict a suscité de vives réactions. Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), y voit une « élimination politique », estimant que la justice a été utilisée pour affaiblir un acteur en pleine ascension. À Kinshasa, des partisans de Mutamba ont été dispersés par les forces de l’ordre alors qu’il était déjà en résidence surveillée. Mais pour de nombreux citoyens, ce procès reflète une attente profonde face à la corruption. « C’est un peu notre vie qui est jugée », a déclaré Madeleine Kibadi, mère de famille. Ce jugement, sans appel possible, marque un tournant en RDC. Il illustre la volonté de sanctionner la corruption mais nourrit aussi le débat sur l’indépendance de la justice et son rôle dans l’arène politique.