Au Parc National des Volcans, la cérémonie Kwita Izina a fêté ses 20 ans en 2024, symbolisant le passage des gorilles de « danger critique » à « en danger ». La population, autrefois estimée à 242 en 1981, dépasse aujourd’hui le millier grâce à la lutte contre le braconnage et à l’implication des communautés. Ce modèle rwandais de conservation génère aussi des retombées économiques : en 2024, le tourisme a rapporté 647 millions de dollars (environ 402 milliards FCFA), dont plus de 200 millions (124 milliards FCFA) liés aux gorilles. Dix pour cent des recettes des parcs sont réinvestis localement, finançant plus de 1 200 projets sociaux et agricoles. Mais la réussite engendre un nouveau défi.
La densité croissante des gorilles entraîne des combats entre mâles dominants, souvent fatals pour les petits : près de la moitié des jeunes nés depuis dix ans n’ont pas survécu. Les vétérinaires n’interviennent que pour des maladies graves, respectant les dynamiques naturelles. Pour répondre à cette menace, le Rwanda prévoit d’étendre de 25 % le Parc des Volcans, soit 3 740 hectares supplémentaires. Le projet, soutenu par la Banque mondiale et l’African Wildlife Foundation, comprend la relocalisation de 3 400 familles, la création de nouvelles infrastructures et 17 000 emplois liés à l’écotourisme. Une opération d’envergure qui pourrait durer plus d’une décennie. En conciliant protection de la faune et développement humain, le Rwanda démontre que la conservation africaine peut être un moteur écologique, économique et symbolique pour l’avenir du continent.