L’ancien chef d’État colombien Alvaro Uribe a été condamné le 1er août 2025 à 12 ans d’assignation à résidence, à l’issue d’un procès historique. Ce verdict, prononcé par la juge Sandra Heredia de la 44e chambre pénale de Bogotá, reconnaît l’ex-président coupable de subornation de témoins et de fraude procédurale. L’affaire remonte à 2012, lorsqu’Uribe avait accusé le sénateurcIván Cepeda d’avoir manipulé des témoignages. Mais en 2018, la Cour suprême a inversé la situation en lançant une enquête contre Uribe lui-même, soupçonné d’avoir tenté d’influencer des témoins.
Le procès, entamé en février 2025, a duré plus de deux mois. L’enquête a révélé un réseau présumé d’anciens collaborateurs et d’intermédiaires mobilisés pour corrompre ou intimider des témoins, dans le but de fausser une procédure judiciaire. En plus de sa peine de résidence, Uribe s’est vu interdire d’exercer une fonction publique pendant huit ans et devra s’acquitter d’une amende de près de 825 000 dollars américains, soit environ 500 millions FCFA. Il a en revanche été acquitté d’une accusation de corruption d’un procureur. Âgé de 73 ans, Uribe conteste les charges et a fait appel, une audience étant prévue le 4 août.
Les réactions à cette condamnation sont contrastées. Tandis que ses partisans dénoncent une manœuvre politique contre une figure de la droite, de nombreuses voix issues de la société civile, des médias et des défenseurs des droits humains saluent un jugement exemplaire. Pour le sénateur Iván Cepeda, ce verdict est une avancée, mais « le chemin vers la justice reste long ».
Sur le plan politique, cette condamnation fragilise le leadership moral d’Uribe au sein de son parti et dans le débat national. Elle pourrait également avoir des effets diplomatiques, certains responsables américains, comme le sénateur Marco Rubio, ayant critiqué le verdict et évoqué une instrumentalisation de la justice. Cet épisode judiciaire constitue un précédent majeur en Colombie et renforce les attentes en faveur d’une justice indépendante, capable de s’appliquer à toutes les sphères du pouvoir.