Le Cameroun, en tant que l’un des principaux producteurs de cacao au monde, s’engage à partager les données de localisation de ses plantations pour se conformer aux nouvelles règles environnementales de l’Union Européenne (UE). Cette initiative vise à renforcer la traçabilité et la durabilité de la production de cacao, un secteur clé pour l’économie camerounaise.
Contexte et enjeux
Avec une production annuelle d’environ 210 000 tonnes, le Cameroun se positionne au cinquième rang mondial des pays producteurs de cacao, derrière la Côte d’Ivoire et le Ghana. Cependant, cette position est menacée par des préoccupations croissantes concernant la déforestation et la durabilité des pratiques agricoles. Les nouvelles réglementations de l’UE, en particulier le Règlement sur la Déforestation Importée (RDUE), imposent des exigences strictes pour garantir que les produits importés ne contribuent pas à la déforestation. Le CICC (Comité Interprofessionnel du Cacao et du Café) a annoncé qu’il recevra un soutien pour géolocaliser 22 000 producteurs supplémentaires. Cette démarche permettra non seulement de respecter les normes de l’UE mais aussi de valoriser les droits coutumiers des producteurs. En utilisant des technologies de géolocalisation, chaque plantation sera identifiée par un point GPS, facilitant ainsi la traçabilité des produits de cacao sur le marché international. « Le cacao certifié est d’abord un label reconnu dans le monde. En étant certifié, on a la possibilité d’avoir plusieurs partenaires commerciaux », explique Armel Diffo Sokeng, un acteur clé du secteur. Ce processus de certification est essentiel pour éliminer les pratiques illégales et garantir une production durable.
Impacts économiques
L’initiative de partage des données de localisation pourrait également avoir des retombées économiques significatives. Le prix du cacao a récemment connu une hausse, atteignant 4225 FCFA le kilogramme, comparé à 3300 FCFA en février 2024, ce qui représente une augmentation de 200% par rapport aux années précédentes[5]. Ces prix compétitifs renforcent la position des producteurs camerounais sur le marché mondial, tout en leur offrant une meilleure sécurité financière. En intégrant des pratiques agroforestières, les producteurs camerounais cultivent le cacao en harmonie avec d’autres espèces, ce qui contribue à la biodiversité. Une plantation de cacao dans le sud du Cameroun abrite en moyenne 21 espèces associées, représentant 70% du stock total de carbone dans ces plantations. Cela souligne l’importance de maintenir des systèmes agricoles qui imitent les forêts naturelles, offrant ainsi des bénéfices écologiques et économiques.
Le partage des données de localisation des plantations de cacao au Cameroun représente un pas significatif vers une agriculture plus durable et responsable. En se conformant aux exigences de l’UE, le Cameroun non seulement protège ses forêts mais améliore également la qualité de vie de ses producteurs. Cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres pays producteurs de cacao, démontrant qu’il est possible de concilier rentabilité économique et préservation de l’environnement.
Sources : https://forestsnews.cifor.org/88685/alors-que-les-prix-du-cacao-flambent-pourquoi-les-benefices-restent-ils-encore-si-desequilibres
https://www.mediaterre.org/actu,20240405114837,6.html
https://pfbc-cbfp.org/actualites-partenaires/performance-financi%C3%A8re.html
https://gondwana-agency.com/tendances/cameroun-partage-des-donnees-de-localisation-des-plantations-de-cacao-pour-se-conformer-aux-regles-environnementales-de-lue/122/