Ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo, Brice Lacruche Alihanga a livré à TV+ Afrique un témoignage inédit sur son parcours, sa disgrâce et sa détention. Son récit dévoile les coulisses du pouvoir gabonais et la résilience nécessaire pour affronter une trajectoire politique chaotique. Dans un entretien exclusif, Brice Lacruche Alihanga décrit son arrivée au sommet de l’administration gabonaise en 2017, animé par l’ambition de renforcer l’action sociale nationale. Rapidement confronté à un pouvoir cloisonné et méfiant, il se heurte aux règles tacites d’un système où la fonction se vit comme un privilège soumis à l’arbitraire.
Son geste de démission provoque une réponse cinglante du président Ali Bongo, révélant la nature contraignante des rapports de force au sein du palais. Le slogan « Qui boude, bouge », prononcé par Lacruche lors d’un meeting avec des jeunes à Owendo, illustre la fragilité des mots en politique : détourné et perçu comme une provocation envers les élites, il sera retourné contre lui, participant à sa mise à l’écart. Cette exclusion s’accentue après l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo, quand Noureddin Bongo Valentin affirme vouloir prendre la présidence. Lacruche est arrêté en décembre 2019 et passe quatre ans en détention, une période qu’un rapport onusien qualifiera d’illégale et arbitraire, mais qui restera sans suite officielle.
En prison, il trouve refuge dans la foi et la méditation biblique, notamment à travers le jeûne d’Esther, qu’il associe symboliquement au coup d’État du 30 août 2023. Aujourd’hui, il salue la transition conduite par Brice Clotaire Oligui Nguema tout en appelant à ne pas oublier les erreurs passées, soulignant que la mémoire est essentielle pour construire un avenir démocratique. Ce témoignage, riche et poignant, éclaire les dynamiques souvent obscures du pouvoir au Gabon et invite à réfléchir sur les défis politiques et humains rencontrés par ceux qui s’y aventurent.