Selon l’armée nigérienne, l’opération aurait été menée le 15 août 2025 par un avion de chasse sur l’île de Shilawa, dans la région de Diffa. Bakoura, de son vrai nom Ibrahim Mahamadou, était considéré comme la figure centrale de Boko Haram depuis la mort d’Abubakar Shekau en 2021. Originaire du Nigeria, il avait multiplié les attaques meurtrières, dont l’enlèvement de plus de 300 élèves à Kuriga en 2024, et était perçu comme l’héritier de la “troisième génération” des commandants du groupe.
Aucune preuve matérielle n’a été rendue publique, et plusieurs spécialistes appellent à la prudence. Vincent Foucher, chercheur au CNRS, a rappelé l’historique des annonces prématurées concernant la mort de leaders djihadistes. Un proche de Bakoura a par ailleurs démenti formellement la nouvelle dans un message audio transmis à l’AFP, affirmant être “actuellement avec lui”. Ces éléments viennent alimenter l’incertitude autour de la crédibilité de l’annonce. Depuis sa création en 2002 par Mohamed Yusuf, Boko Haram a causé plus de 40 000 morts et deux millions de déplacés dans le bassin du lac Tchad. Malgré la perte de ses chefs successifs, le groupe a démontré une forte capacité de résilience et de reconstitution. Les experts estiment qu’un nouveau dirigeant pourrait rapidement émerger.
Si la mort de Bakoura était confirmée, elle marquerait un succès symbolique pour le régime militaire nigérien, qui a fait de la lutte antiterroriste une priorité. Mais plusieurs analystes, comme Seidick Abba, insistent sur l’importance d’approches sociales et économiques pour contrer Boko Haram. Le chômage des jeunes et l’assèchement du lac Tchad, qui a perdu 90 % de sa surface en 40 ans, alimentent le recrutement par le groupe armé. L’annonce de Niamey illustre autant la détermination du Niger que la complexité du conflit. Faute de preuves tangibles, l’hypothèse de la survie de Bakoura reste ouverte, rappelant que la menace de Boko Haram demeure ancrée dans les fragilités régionales.