Le 12 septembre 2025, le Centre pénitentiaire agricole de Baporo, dans la province du Sanguié, a accueilli une visite ministérielle qui a mis en lumière une initiative inédite : transformer les prisons en espaces de production et de réinsertion. Portée par le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, et mise en œuvre à travers le Travail d’Intérêt Général (TIG), cette approche associe justice, dignité et contribution nationale. Le principe est clair : sanctionner en responsabilisant. Comme l’a rappelé le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, l’objectif est que « nos prisons se vident pour aller dans les centres de production ». À Baporo, 130 hectares sont exploités cette année, avec une production attendue de 224 tonnes de riz, maïs, sorgho, soja, niébé et sésame. Lors de la campagne sèche précédente, près de 50 tonnes de légumes avaient déjà été récoltées grâce à l’Initiative présidentielle pour la production agricole et l’autosuffisance alimentaire (IP-P3A).
Ces résultats renforcent la sécurité alimentaire et réduisent la dépendance aux importations. Mais l’impact dépasse les chiffres. Les détenus acquièrent une formation agricole valorisable à leur sortie. « Nous apprenons beaucoup de choses ici. Cela nous sera profitable à la sortie », confie un bénéficiaire du TIG. Pour le directeur du centre, Kafando S. Roland, Baporo a une triple mission : former, nourrir et préparer au retour dans la société, tout en brisant les préjugés autour des condamnés. Des défis persistent toutefois, notamment en matière d’infrastructures de séchage, de stockage et d’irrigation, nécessaires pour atteindre 300 hectares d’ici 2026. Le gouvernement entend aussi encourager les employeurs à recruter d’anciens détenus. Avec Baporo, le Burkina Faso réinvente la prison en outil de développement et de réinsertion. Ce modèle, qui fait rimer justice et souveraineté alimentaire, incarne une innovation africaine porteuse d’inspiration pour le continent.