Ce 9 septembre 2025 marque une date historique pour la justice internationale. À La Haye, la CPI entame une audience de confirmation des charges contre Joseph Kony, fondateur de la sanguinaire LRA, toujours introuvable. Vingt ans après les premières accusations, la Cour applique pour la première fois une procédure par contumace, validée par sa Chambre d’appel le 3 juin 2025. Prévue sur trois jours, l’audience doit déterminer s’il existe des motifs substantiels de croire que Kony a commis les crimes qui lui sont reprochés, première étape avant un éventuel procès.
Joseph Kony et la LRA deux décennies de terreur en Afrique centrale
Ancien enfant de chœur devenu prophète autoproclamé, Kony a fondé la LRA à la fin des années 1980. Sous couvert religieux, le groupe a semé la terreur dans le nord de l’Ouganda, ainsi qu’au Soudan du Sud, en Centrafrique et en RDC. Selon l’ONU, des dizaines de milliers de civils ont été tués et plus de 60 000 enfants enlevés, enrôlés comme soldats ou réduits en esclavage sexuel.
Kony fait face à 39 chefs d’accusation, incluant meurtre, viol, esclavage, mariage forcé, torture et utilisation d’enfants soldats. Les témoignages de survivants décrivent des atrocités d’une extrême brutalité, notamment des enfants forcés de tuer leurs proches ou des jeunes filles transformées en esclaves sexuelles.
Une procédure inédite et un symbole pour la CPI
Le mandat d’arrêt contre Kony, premier jamais délivré par la CPI en 2005, n’a jamais pu être exécuté malgré des campagnes internationales comme « Kony 2012 » et une traque soutenue par les États-Unis. Face à son absence prolongée, la CPI a décidé d’aller de l’avant, pour éviter que l’affaire ne sombre dans l’oubli. Cette audience est un précédent juridique majeur, qui pourrait inspirer d’autres procédures contre des suspects en fuite, comme Saif al-Islam Kadhafi ou Omar el-Béchir. Pour les victimes, la reconnaissance publique de leurs souffrances est un pas essentiel, même si un procès ne pourra s’ouvrir qu’après l’arrestation de Kony.
L’audience par contumace de Joseph Kony constitue un moment charnière pour la justice internationale. Elle illustre la volonté de la CPI de poursuivre les auteurs de crimes de masse, même face à des obstacles considérables. Pour les victimes de la LRA, particulièrement en Ouganda et dans la région des Grands Lacs, elle représente l’espoir d’une justice longtemps différée et un rappel que l’impunité n’est pas une fatalité.