Le 22 juillet 2025, le gouvernement gabonais a lancé une double offensive judiciaire contre l’ancien président Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia Bongo et leur fils Noureddin. À Libreville, ils sont visés pour détournement de fonds publics, falsification et corruption. À Paris, une plainte a été déposée pour blanchiment aggravé et biens mal acquis. Ces procédures reposent sur un important corpus de documents bancaires, immobiliers et financiers, couvrant la période 2018-2023, transmis par la Direction générale des recherches et des cabinets juridiques mobilisés à l’international.
Les accusations, soutenues par des avocats et experts transnationaux, visent à démontrer l’existence d’un système structuré de prédation des ressources publiques. L’État gabonais espère ainsi restaurer sa légitimité en luttant contre l’impunité. Pourtant, cette initiative soulève de nombreuses interrogations, tant sur le timing à deux mois des élections législatives que sur sa cohérence : les membres de la famille Bongo, libérés en mai 2024 après 20 mois de détention, avaient récemment accusé le régime actuel de maltraitance et de séquestration.
Alors que des ONG favorables aux autorités actuelles annoncent de nouvelles plaintes à l’international, certains analystes évoquent une manœuvre politique ou une tentative de reprendre le contrôle du récit judiciaire. Si la procédure pourrait renforcer la transparence, elle risque aussi d’exposer les liens persistants entre l’ancien et le nouveau pouvoir. Le Gabon entame une séquence judiciaire à fort potentiel politique, dont l’issue pourrait redéfinir son avenir institutionnel.