Le Togo est plongé dans une nouvelle crise politique avec l’arrestation, le 17 septembre 2025, de Marguerite Gnakadé. Ancienne ministre de la Défense entre 2020 et 2022 et figure du clan présidentiel, elle est accusée d’« incitation à la rébellion » et d’« atteinte à la stabilité militaire ». Des proches dénoncent une interpellation menée sans mandat judiciaire par des forces de sécurité encagoulées. Les autorités évoquent des « faits graves » qui pourraient lui valoir jusqu’à vingt ans de prison. La nouvelle a rapidement enflammé les réseaux sociaux, mettant en lumière la fragilité du paysage politique togolais. Marguerite Gnakadé n’est pas une voix anodine. Veuve d’Ernest Gnassingbé, frère aîné du président, elle a critiqué à plusieurs reprises la gestion de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.
Mi-août, elle avait publiquement appelé à sa démission et à une transition apaisée et inclusive. Des liens supposés avec des figures de l’opposition en exil sont également évoqués, accentuant la portée symbolique de son arrestation. Cette interpellation intervient dans un contexte tendu. Le pays a été récemment secoué par des manifestations meurtrières réclamant la fin du régime. En juin, au moins sept personnes ont trouvé la mort lors de la répression de ces protestations, alors que la révision constitutionnelle de mai permet au président de rester indéfiniment à la tête de l’État en tant que président du Conseil des ministres. Cette situation nourrit la colère populaire face à un régime familial installé depuis six décennies.
L’opposition et la société civile ont réagi avec vigueur. Le collectif Touche pas à ma Constitution dénonce un « abus de pouvoir » visant à museler les voix dissidentes et exige la libération immédiate de Mme Gnakadé. Le mouvement de jeunes M66 a même lancé un ultimatum de 72 heures, menaçant d’appeler à des manifestations nationales si aucune action n’était prise. Au-delà du cas Gnakadé, c’est l’avenir de la démocratie togolaise qui est en jeu. Cette affaire révèle les tensions internes au sommet du pouvoir et souligne l’importance de la vigilance face aux dérives autoritaires. Les prochains jours seront déterminants pour savoir si le Togo choisira l’apaisement ou la répression, avec des conséquences directes sur la stabilité du pays et sur la perception de la démocratie en Afrique de l’Ouest.