La CPS-DH aura pour mission de juger les crimes les plus odieux, notamment les crimes de guerre, crimes contre l’humanité, actes terroristes et violations graves des droits humains. Issue d’une volonté commune d’harmoniser les systèmes judiciaires des trois pays membres, cette cour entend lutter efficacement contre l’impunité. Pour accompagner son fonctionnement, des mesures structurantes seront mises en place : création d’une prison de haute sécurité, constitution d’une base de données judiciaire partagée, et développement d’une plateforme numérique d’échange d’informations.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique d’autonomie vis-à-vis des institutions judiciaires internationales souvent perçues comme partiales. Depuis les coups d’État successifs au Mali (2020), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023), l’AES manifeste une défiance croissante envers l’ordre judiciaire international, dénonçant un traitement à « deux poids deux mesures ». Le politologue malien Agali Welé voit dans cette cour une avancée stratégique majeure. Elle permettra de juger sur place les auteurs présumés de crimes graves, y compris des étrangers ou Occidentaux, évitant ainsi une impunité qui pourrait prévaloir ailleurs.
Selon lui, cette initiative pourrait devenir un modèle pour le continent africain, voire au-delà. Néanmoins, plusieurs questions demeurent : peu de détails ont été révélés sur la composition, la compétence précise et le fonctionnement réel de la cour. Sa légitimité dépendra de son indépendance et de sa capacité à garantir un jugement équitable, sans subir les pressions des régimes militaires en place. Transparence, intégration de magistrats compétents et respect strict des droits des accusés seront essentiels pour que la CPS-DH soit perçue comme un véritable engagement judiciaire et non un instrument politique.
La création de la Cour pénale et des droits humains du Sahel est une initiative audacieuse de l’AES pour reprendre le contrôle de la justice sur son territoire et affirmer sa souveraineté. Si les défis sont importants, notamment sur l’indépendance et l’équité, ce projet suscite l’attention du continent et de sa diaspora. Il marque une volonté forte d’autonomie judiciaire et une détermination à combattre l’impunité, ouvrant un nouveau chapitre pour la gouvernance et l’État de droit dans la région sahélienne, dont l’évolution devra être suivie de près.
Sources : https://www.minute.bf/aes-bientot-une-cour-penale-regionale-pour-juger-les-crimes-graves/ https://fr.allafrica.com/stories/202507100136.html https://lesoleil.sn/actualites/politique/alliance-des-etats-du-sahel-une-cour-penale-regionale-mise-en-place/ https://africapresse.com/laes-lance-sa-propre-cour-des-droits-de-lhomme-pour-juger-les-crimes-sur-son-sol/