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29/04/2025   

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Politique

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Aide alimentaire de la Libye de l’Est au Niger : un geste politique ?

Aide alimentaire de la Libye de l’Est au Niger : un geste politique ?

Le rapprochement entre le Niger et les autorités libyennes de Benghazi, soutenu par Moscou, se renforce. Le ministre nigérien de l'Intérieur, Mohamed Boubacar Toumba, a effectué une visite de trois jours à Benghazi, où il a rencontré son homologue libyen, Issam Abou Zriba.
Le maréchal Khalifa Haftar, lors d'un défilé militaire à Benghazi, dans l'est du pays, le 7 mai 2018. Abdullah Doma, AFP (archives)

Le rapprochement entre le Niger et les autorités libyennes de Benghazi, soutenu par Moscou, se renforce. Le ministre nigérien de l’Intérieur, Mohamed Boubacar Toumba, a effectué une visite de trois jours à Benghazi, où il a rencontré son homologue libyen, Issam Abou Zriba. Lors de cette rencontre, les deux ministres ont réactivé des accords sécuritaires et discuté du contrôle des frontières et de l’échange d’informations. Ce rapprochement s’inscrit dans une stratégie plus large de la Russie pour accroître son influence en Afrique, notamment dans le Sahel, en concurrence avec les puissances occidentales. Les discussions ont également abordé la question des migrants, avec des préoccupations croissantes concernant l’afflux de subsahariens vers la Libye et la Tunisie.

Un don de vivres de la Libye de l’Est au Niger

En juin 2024, le maréchal libyen Khalifa Belqasim Haftar a envoyé une cargaison de 33 tonnes de vivres à Niamey. L’opération a été financée par le gouvernement libyen établi à Benghazi, qui n’est pas reconnu par les puissances occidentales. Le don comprend du riz, du couscous, des pâtes alimentaires, de la farine, de l’huile et des tomates en boîte entre autres. La remise officielle des vivres a été effectuée par un envoyé spécial du Maréchal Haftar sur le tarmac de la base aérienne de Niamey. Côté nigérien, plusieurs ministres comme celui de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Administration du territoire ainsi que celui des Affaires étrangères étaient présents. L’émissaire du maréchal Haftar a indiqué que son gouvernement comptait offrir une aide totale de 100 tonnes au Niger pour l’aider à faire face à la crise des déplacés.

Un rapprochement stratégique pour la Russie

Ce geste et ses déclarations laissent penser qu’un rapprochement se dessine entre les forces du général Haftar et le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) au pouvoir au Niger. Les gouvernements précédents de Mahamadou Issoufou et de Bazoum ont préféré jouer aux équilibristes sur le dossier libyen en maintenant des relations avec les deux parties. Sous Mohamed Bazoum, la diplomatie nigérienne tendait même à une reconnaissance des autorités libyennes établies à Tripoli. Si ce rapprochement peut surprendre, il était prévisible. Le maréchal Khalifa Haftar est un allié de la Russie dont il a le soutien. Avec le renforcement des liens entre Niamey et Moscou, on peut supposer que le gouvernement nigérien souhaiterait renforcer ces liens avec le maréchal libyen qui pendant longtemps était un agent des services de renseignements américains.

Pour le CNSP, une entente avec l’homme fort de Benghazi permettrait d’écraser les groupes rebelles comme le FPL (Front pour la libération du Peul) ou le FPJ (Front pour la justice et le progrès) qui sont établis aux frontières avec la Libye et menacent la stabilité du pays. La Libye se trouve au carrefour des ambitions africaines, méditerranéennes et moyen-orientales de Moscou. Cependant, le positionnement récent de l’armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar dans le sud libyen, à la frontière avec le Tchad et le Niger, souligne l’importance stratégique de cette région pour la Russie.

En exploitant la porosité des frontières libyennes et en s’alliant avec des acteurs locaux clés comme le CNSP et Haftar, Moscou renforce sa position dans une région stratégique. Cette dynamique pose de nombreux défis pour la stabilité régionale et les intérêts occidentaux.

La Libye, avec ses frontières difficilement contrôlables et son rôle central dans les routes migratoires, est donc devenue un point focal de la stratégie russe en Afrique. Dans ce contexte, il est crucial de surveiller de près les évolutions de la politique russe en Libye et leurs implications pour la sécurité régionale et mondiale.

Sources : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240822-niger-le-rapprochement-se-poursuit-avec-le-mar%C3%A9chal-haftar https://lesechosduniger.com/2024/06/28/niger-libye-vers-un-rapprochement-du-cnsp-et-du-gouvernement-libyen-de-benghazi/ https://www.revueconflits.com/les-frontieres-libyennes-nouveau-levier-de-la-strategie-russe-en-afrique-du-nord-et-au-sahel/ https://www.bfmtv.com/international/afrique/niger-entre-opportunisme-et-influence-croissante-de-la-russie-dans-le-pays_AV-202307310336.html https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240203-la-russie-veut-renforcer-sa-pr%C3%A9sence-au-sahel-par-le-biais-de-la-libye-et-du-niger

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Le rapprochement entre le Niger et les autorités libyennes de Benghazi, soutenu par Moscou, se renforce. Le ministre nigérien de l'Intérieur, Mohamed Boubacar Toumba, a effectué une visite de trois jours à Benghazi, où il a rencontré son homologue libyen, Issam Abou Zriba.
Le maréchal Khalifa Haftar, lors d'un défilé militaire à Benghazi, dans l'est du pays, le 7 mai 2018. Abdullah Doma, AFP (archives)

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