Ali Bongo, renversé en août 2023 après plus de 14 années de pouvoir, affirme avoir été illégalement retenu dans sa résidence de La Sablière à Libreville, sous surveillance militaire, malgré une prise en charge médicale. Exilé à Luanda, il a pu être auditionné en France grâce à son lien juridique avec le pays : il est époux d’une Française et père d’un Français. L’enquête ouverte à Paris en janvier vise des faits très graves : enlèvement, torture, actes de barbarie et séquestration en bande organisée. Ses avocats affirment détenir des éléments concrets, incluant des noms de responsables présumés.
De son côté, le régime de transition dirigé par le général Brice Oligui Nguema rejette fermement les accusations. Il garantit une procédure équitable pour Sylvia Bongo et leur fils Noureddin, inculpés pour détournement massif de fonds publics, corruption et blanchiment d’argent. Libérés provisoirement en mai 2025 pour raisons médicales, tous trois ont quitté le Gabon à bord d’un avion présidentiel angolais. Ali Bongo, qui n’est pas poursuivi au Gabon, reste fragilisé par un AVC survenu en 2018, mais se dit déterminé à faire reconnaître ses droits.
Cette affaire, qui dépasse le cadre personnel, interroge les fondements mêmes de la transition gabonaise. Elle révèle les tensions entre volonté de rupture avec un régime jugé autoritaire et exigence de respect des principes de justice. Si le putsch du CTRI avait été salué par une partie de la population, les pratiques du nouveau pouvoir suscitent aujourd’hui doutes et critiques. Le recours à la justice internationale par un ancien chef d’État africain soulève également des enjeux diplomatiques et mémoriels plus larges.
L’audition d’Ali Bongo à Paris marque une étape inédite dans l’histoire du Gabon post-coup d’État. Derrière cette plainte, c’est un bras de fer symbolique entre passé politique et quête de justice qui se dessine. Pour le Gabon et d’autres nations africaines, cette affaire souligne l’importance d’une gouvernance responsable et respectueuse des droits fondamentaux. La transition ne pourra être crédible sans vérité, équité et mémoire collective.
Sources : https://information.tv5monde.com/afrique/ali-bongo-entendu-par-des-juges-paris-sur-sa-plainte-pour-sequestration-arbitraire-au-gabon https://legabonais.com/ali-bongo-porte-plainte-depuis-paris-jai-ete-sequestre-et-torture-par-le-regime-doligui/ https://gabonactu.com/blog/2025/07/01/ali-bongo-sylvia-et-noureddin-entendus-a-paris-par-des-juges-pour-sequestration-arbitraire-au-gabon/ https://www.lefigaro.fr/flash-actu/l-ex-president-ali-bongo-qui-denonce-sa-sequestration-arbitraire-au-gabon-entendu-par-des-juges-a-paris-20250701?utm_source=chatgpt.com