Le lundi 19 août 2024, le ministère marocain de la Justice a annoncé que le Roi Mohammed VI a gracié 4 831 personnes condamnées, poursuivies ou recherchées pour des affaires liées à la culture illégale du cannabis. Cette décision historique intervient deux ans après l’adoption d’une loi encadrant les usages industriel et médical du cannabis dans le royaume, premier producteur mondial selon l’ONU. La grâce royale vise à permettre « aux bénéficiaires de s’intégrer dans la nouvelle stratégie » de légalisation partielle lancée en 2021. Le Maroc s’est alors fixé pour objectif de lutter contre le trafic, de se positionner sur le marché légal et de désenclaver économiquement le Rif, région du nord-est où la plante est cultivée depuis des siècles par 80 000 à 120 000 familles en 2019.
« C’est une initiative exceptionnelle qui va permettre à ces agriculteurs et leurs familles de vivre dans la sérénité et la quiétude, et de participer à la nouvelle dynamique de la légalisation« , a commenté le directeur de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac). Pour lui, « c’est aussi une étape importante sur la voie de l’élimination progressive de la culture illicite à travers la légalisation ou l’introduction de cultures alternatives« . Les mesures de grâce ne concernent que des cultivateurs, dont l’activité illégale était tolérée mais pouvait faire l’objet de poursuites. L’Anrac a déjà délivré plus de 200 autorisations à des industriels pour la transformation, l’importation de semences et l’exportation.
Cette décision courageuse du Roi Mohammed VI démontre sa volonté de tourner la page d’une répression stérile et d’offrir une nouvelle perspective à des milliers de familles marocaines. En privilégiant le dialogue et la réinsertion, le Souverain fait preuve d’humanité et d’audace pour relever le défi de la légalisation du cannabis à des fins médicales et industrielles. Une voie ambitieuse qui place le Maroc à l’avant-garde d’une réforme progressiste des politiques de drogue en Afrique.