Au Gabon, le climat de méfiance et de scandale financier semble s’intensifier, illustré récemment par la perte annuelle de 30 à 50 milliards FCFA subie par la Société d’électricité et d’eau du Gabon (SEEG) en raison de fraudes sur ses réseaux de distribution. Ce phénomène, qualifié de massif et endémique par le directeur général de la SEEG, Joël Lehman Sandoungout, met en lumière une crise systémique qui menace non seulement la viabilité de cette entreprise publique, mais également les objectifs de développement économique et social du pays.
Les pertes financières colossales de la SEEG sont attribuées à des branchements illicites et à des compteurs trafiqués, qui sont devenus monnaie courante tant à Libreville qu’à l’intérieur du pays. Lors d’une récente opération de contrôle, sur 780 branchements inspectés, 209 ont été identifiés comme frauduleux, soulignant l’ampleur du problème. La SEEG a mis en place une campagne de mise en conformité, mais les résultats montrent que la fraude est profondément enracinée dans le système. « Nous faisons face à une fraude massive, voire endémique sur nos réseaux de distribution d’eau potable et d’électricité », a déclaré Sandoungout, ajoutant que ces pertes financières sont de l’argent qui manque à la caisse et qui empêche l’entreprise de réaliser des investissements nécessaires pour améliorer ses services.
Cette situation a des répercussions directes sur la qualité du service public. Les usagers, frustrés par les coupures fréquentes et le manque d’approvisionnement, se tournent parfois vers des solutions illégales. Un usager a déclaré : « Ça fait plus d’un an que je cours derrière la SEEG pour avoir un compteur électrique. Sans suite. Que des promesses infinies des agents de la SEEG ». Ce témoignage illustre la défaillance de la SEEG à répondre aux besoins de ses clients, les poussant à des actes de fraude pour survivre. Les fraudes non seulement plombent les performances de la SEEG, mais elles compromettent également les projets d’investissement qui pourraient améliorer l’infrastructure et la qualité des services d’eau et d’électricité. En effet, chaque franc perdu à cause de la fraude est un franc qui ne peut être réinvesti dans le développement des infrastructures essentielles pour le pays.
Face à cette crise, des voix s’élèvent pour demander une action immédiate. Un agent de la SEEG a affirmé : « La lutte contre les branchements pirates est obligatoire, car la fraude coûte cher et nuit gravement à la réputation et la rentabilité de tout le secteur ». Il est impératif que la SEEG renforce ses mesures de contrôle et de répression contre les fraudes, tout en améliorant sa chaîne d’approvisionnement pour éviter que les clients ne soient contraints de se tourner vers des solutions illégales.
La situation actuelle de la SEEG est alarmante et nécessite une réponse rapide et efficace. Les pertes de 30 à 50 milliards FCFA par an ne sont pas seulement des chiffres; elles représentent des opportunités manquées pour le développement du Gabon. Si des mesures concrètes ne sont pas prises pour éradiquer cette culture de la fraude, le pays risque de voir ses ambitions de développement économique et social gravement compromises. La SEEG doit agir avec détermination pour restaurer la confiance du public et assurer un service fiable et accessible à tous les Gabonais.