La consommation mondiale de charbon a atteint des niveaux alarmants en 2023, exacerbant les enjeux environnementaux déjà critiques. Cette année, la demande a culminé à 8,53 milliards de tonnes, un record historique selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Alors que la planète subit des températures sans précédent, avec une anomalie de +1,46 °C par rapport aux moyennes historiques, la combustion du charbon continue de jouer un rôle central dans l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement climatique et à la déstabilisation des écosystèmes.
L’Asie, en particulier, est au cœur de cette hausse. La Chine, qui représente à elle seule plus de la moitié de la consommation mondiale, a vu sa demande augmenter de 220 millions de tonnes (+4,9 % par rapport à 2022). L’Inde et l’Indonésie suivent avec des augmentations respectives de 98 millions de tonnes (+8 %) et 23 millions de tonnes (+11 %) . Ces chiffres soulignent une tendance inquiétante : malgré la montée des énergies renouvelables, le charbon reste une source d’énergie privilégiée pour de nombreuses économies émergentes.
Les centrales à charbon ont assuré 36 % de la production mondiale d’électricité en 2022, et leur activité a continué d’augmenter en 2023, alimentée par une demande croissante pour des usages industriels et une stabilisation des prix du charbon après des années de volatilité. Ce phénomène est particulièrement visible en Chine, où la demande de charbon a crû de 4,6 % en 2022 et devrait continuer à augmenter dans les années à venir .
Les conséquences de cette consommation accrue sont profondes. En 2023, les émissions mondiales de CO₂ liées aux combustibles fossiles devraient atteindre 36,8 milliards de tonnes, dont 41 % proviennent du charbon. Ce chiffre illustre le rôle prépondérant du charbon dans l’accélération des changements climatiques, menaçant ainsi la biodiversité et les écosystèmes à l’échelle mondiale.
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a récemment averti que « l’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale », soulignant l’urgence d’agir face à cette crise. Les experts s’accordent à dire que la poursuite de la consommation de charbon compromettra les efforts mondiaux pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, un objectif crucial pour préserver l’équilibre des écosystèmes.
Face à cette situation préoccupante, plusieurs pistes de solutions émergent. D’une part, l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables est essentielle. L’AIE prévoit qu’environ 90 % de la demande supplémentaire d’électricité d’ici 2025 sera couverte par des sources renouvelables, ce qui pourrait réduire la dépendance au charbon .
D’autre part, des politiques gouvernementales plus strictes en matière d’énergie propre sont nécessaires. Les économies avancées, qui ont réduit leur consommation de charbon de manière significative (avec des baisses de 20 % aux États-Unis et dans l’UE), montrent qu’il est possible de se détourner de cette source d’énergie polluante. Cependant, les pays émergents, en particulier en Asie, doivent également être soutenus dans leur transition énergétique pour éviter une dépendance prolongée au charbon.
Malgré les défis actuels, il existe des raisons d’espérer une évolution positive. Les prévisions de l’AIE indiquent que la consommation de charbon en Chine pourrait diminuer en 2024, avec une stabilisation potentielle jusqu’en 2026, grâce à une augmentation des capacités de production d’énergie renouvelable. Cette dynamique pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le changement climatique, à condition que les gouvernements et les entreprises s’engagent réellement à réduire leur empreinte carbone.
Les efforts mondiaux pour une transition énergétique durable sont plus que jamais nécessaires. La prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, couplée à des innovations technologiques dans le domaine des énergies renouvelables, pourrait ouvrir la voie à un avenir où le charbon ne sera plus la pierre angulaire de la production d’énergie. L’engagement collectif pour protéger notre planète et ses écosystèmes est essentiel pour garantir un avenir viable pour les générations à venir.